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Yann anime Stefan Wul chez Ankama

Par Thomas Berthelon le 15 janvier 2013                      Lien  
Deux femmes que tout oppose sont envoyées sur l'exotique planète Zarkass pour des raisons gouvernementales. Tel est le pitch, dépaysant et drôle, de l'adaptation que signe le scénariste Yann qui signe ici son premier album chez Ankama, avec des dessins de Didier Cassegrain, d'après le chef-d’œuvre de Stefan Wul.

Après des siècles de gouvernance auto-destructrice, la gent masculine a été priée de laisser place aux femmes, excédées devant tant de bêtises. Alors que la Terre, rebaptisée Gaïa, retrouve petit à petit la raison et quelques couleurs, la planète Zarkass, colonie de la planète bleue, voit son harmonie pacifique troublée par de mystérieux engins triangulaires sillonnant le ciel.

Les têtes pensantes de Gaïa envoient donc deux femmes, Louis, scientifique raffinée, et Marcel, baraquée au langage fleuri (eh oui, par souci d’égalité, les prénoms sont désormais asexués), enquêter à la recherche de l’épave d’un de ces triangles, échoué en pleine flore zarkassienne.

Escortées par les autochtones pacifiques et vivant en harmonie avec les créatures de la planète, les deux femmes, chacune masquant ses véritables motivations, vont surtout effectuer un périple à la découverte de cet étrange éco-système.

Troisième adaptation chez Ankama des univers de Stefan Wul, après Niourk et Oms en série, ce Piège sur Zarkass propose une plongée fascinante dans les méandres d’une planète qui se révèle la vraie héroïne de cette série en deux tomes.

Le dessin de Didier Cassegrain, en plus de nous offrir deux protagonistes aux formes magnifiques, crée un monde merveilleux de couleurs, d’animaux exotiques et de créatures humanoïdes attachantes.

A l’instar de James Cameron sur son film Avatar, ou de Serge Pellé sur la série Orbital, l’écosystème mis en scène ici frappe par sa pertinence. Sa puissance graphique et sa moiteur palpable scotchent le lecteur, le tout accentué par un sens du cadre admirable.

Yann anime Stefan Wul chez Ankama
©Cassegrain/Ankama Editions

Le scénario de Yann, même si son habituelle propension au name dropping [1] a tendance à fatiguer, mêle habilement humour et aventure, le langage ordurier de Marcel rendant encore plus dense ces pérégrinations en milieu semi-hostile. Parfois proches du documentaire, rappelant parfois le buddy-movie au cinéma, les aventures de ce binôme portent tout le sel nécessaire à un développement sur la durée, et nous font regretter qu’il n’y ait que deux tomes prévus.

Reste que c’est la première apparition de Yann, scénariste de renom, chez l’éditeur roubaisien, valeur montante de l’édition de bande dessinée francophone.

©Cassegrain/Ankama Editions

(par Thomas Berthelon)

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Piège sur Zarkass T1 : Une Chenille pour deux - Par Yann & Cassegrain - Ankama Editions

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9 Messages :
  • Yann anime Stefan Wul chez Ankama
    15 janvier 2013 14:14

    "Le dessin de Didier Cassegrain, en plus de nous offrir deux protagonistes aux formes magnifiques..." Même si c’est vrai (pour ma part, je n’en sais rien, je n’ai pas encore eu le livre entre les mains), c’est triste qu’un critique mette en avant ce genre d’argument comme première qualité graphique d’un album. On en est encore là...

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2013 à  16:22 :

      On remarque de plus en plus une propension d’une certaine frange de public, sans doute influencée par une certaine critique coincée, de ne plus vouloir envisager le facteur plaisir dans la lecture d’une bande dessinée.

      ActuaBD n’a jamais renié cette bande dessinée-là et ne marche pas dans la stigmatisation des "adolescents boutonneux" sous prétexte qu’ils ont de l’intérêt pour un genre prétendument vulgaire, comme celui qui utiliserait dans ses récits des filles à grosse poitrine par exemple.

      D’ailleurs, vous remarquerez que ce site est l’un des rares où l’on parle encore de BD de cul sans barguigner.

      Vive le cul et la peste soient les culs-bénis !

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      • Répondu par jean-Luc Cornette le 15 janvier 2013 à  18:35 :

        La BD de cul, c’est autre chose. Là, je me permettrais même le procès inverse. L’anatomie des personnages manque encore trop souvent de souplesse. Combien d’anatomies bancales pour un Manara ? Soit, mon propos ici n’était pas de critiquer des collègues.
        Revenons au piège sur Zarkass. Je le lirai en espérant y prendre du plaisir. Bien entendu. Pour moi, tout objet culturel est pourvoyeur de plaisir. Heureusement. Sinon, à quoi ça servirait ? C’est pour ça que le débat BD de délassement (commerciale) contre BD intello (indépendante) m’exaspère. Que je lise l’une ou que je lise l’autre, le plaisir est peut-être différent, mais il est bien présent (sauf si l’oeuvre est mauvaise). Dans Zarkass, le plaisir peut provenir de tout un tas de facteurs. L’adaptation du roman de Wul, la justesse des dialogues de Yann, et celle de l’univers interprété graphiquement par Cassegrain... La maîtrise de leur découpage, la manière d’animer les personnages, et la beauté pure du dessin, bien entendu. Les personnages et leur physique sont importants dans le plaisir qu’engendrera la lecture de cette BD. Ce qui m’ennuie dans la critique ci-dessus, c’est que le côté pulpeux des héroïnes est cité en premier. Comme-ci pour cette BD, et pour la BD en générale, c’était la chose primordiale, comme si le but premier était de s’adresser à des hommes hétéros dont il faut avant tout flatter les instincts. Je suis peut-être naïf, mais je n’imaginais pas que c’était le premier intérêt graphique cet ouvrage. Peut-être me trompe-je, vu que je ne l’aie pas encore lu. Si c’est le cas, je serai quand même un peu déçu que les auteurs se soient servis du roman de Wul pour nous le transformer en un catalogue de bombasses . Et si c’est pas le cas, c’est un peu réducteur pour les auteurs qui visaient sans doute autre chose. Cela dit, j’entends bien que d’autres qualités graphiques sont citées par Thomas Berthelon, et que l’album ne s’arrête pas au physique de ses héroïnes.

        Sinon, d’accord pour "vive le cul". J’ai moi-même scénarisé des histoires dans l’Echo des Savanes, et un bouquin érotico-pornographique. Je ne milite certainement pas contre le cul. Mon intervention, n’était pas un réquisitoire de cul-béni. Simplement une remarque sur la hiérarchie des qualités reconnues à l’ouvrage par le critique.
        (Sorry, j’avais oublié de signer mon premier commentaire.)

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2013 à  18:52 :

          Ce qui m’ennuie dans la critique ci-dessus, c’est que le côté pulpeux des héroïnes est cité en premier.

          Ce qui m’ennuie, c’est que le technicien du verbe que tu es, forcément comme scénariste, fasse une analyse aussi grossière du texte.

          Étant belge, les meilleurs grammairiens étant issus de ce pays (Grévisse, Hanse...), il ne t’a pas échappé que ces descriptions physiques étaient dans une incise, en d’autres termes dans une parenthèse. Elles n’interviennent donc pas en premier dans la logique de la phrase.

          Par ailleurs, comme souvent, comme beaucoup, tu confonds le terme de "chronique" et celui de "critique". L’article de Thomas Berthelon est une chronique, dévolue à l’information, comme la plupart des articles sur ce site, et non une critique, c’est-à-dire une analyse, de l’œuvre en question. Ce qui ne l’empêche pas de faire connaître ses opinions, d’autant que, les images aidant, le lecteur peut juger par lui-même la portée de ses propos.

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          • Répondu par jean-Luc Cornette le 15 janvier 2013 à  20:00 :

            Oui, comme pour beaucoup de Belges francophones, Grevisse (sans accent sur le e, m’ont toujours fait remarquer les romanistes intransigeant(e)s de mon entourage) et Hanse ont été à l’origine de mes pires cauchemars. Merci pour les compliments, Didier, mais si j’essaie d’être un technicien du découpage et du dialogue, pour la grammaire et l’orthographe, je n’en finis pas de bénir les correcteurs/trices des maisons d’édition.

            Je n’émettais qu’un sentiment sur la tournure de la phrase de Thomas Berthelon, qui semble avoir fort apprécié l’ouvrage. Et, selon moi, plus que d’intensifier l’envie des hommes avec des considérations "anatomiques" mises en exergue alors que c’est loin d’être l’essentiel dans ce genre de BD, il risque plutôt derepousser un lectorat féminin. Ce serait dommage.

            Rien de plus.

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            • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2013 à  21:02 :

              Tu as raison de me reprendre : Grevisse. C’est impardonnable, d’autant que j’ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois, c’était un type charmant.

              Je respecte ton sentiment évidemment mais c’est peut-être précisément l’approche un peu sexy qui distingue peut-être la BD du roman de Stefan Wul qui était également un type épatant.

              J’avais été le voir à Epieds (pour Lefrancq à l’époque). Tous ses romans, il les a écrits sur la table de sa cuisine, après ses heures, car il était dentiste (il adorait dire : "Je suis le dentiste d’Epieds"). Il habitait un ancien presbytère, pas vraiment un lieu de gaudriole. Bien qu’il aimât les gauloiseries : Il m’avait offert un exemplaire de ses poésies intitulé La Vercingétorigolade.

              Laurent Genefort doit se souvenir de sa prestation au centre Wallonie Bruxelles. Il avait fait de la scène dans sa jeunesse, du cabaret, et ce gars de 80 et des ans nous a lu "Le Vent" d’Émile Verhaeren, c’était un vrai spectacle ! Tout cela en présence de Moebius qui l’adorait.

              Lisez et relisez Wul, c’est un très grand auteur. Il a toujours dit qu’il adorerait être adapté en BD. C’est maintenant chose faite.

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              • Répondu par jean-Luc Cornette le 15 janvier 2013 à  21:46 :

                Ah, ça j’aime bien. Belles anecdotes.

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                • Répondu par Sylvain Runberg le 16 janvier 2013 à  18:46 :

                  Je voudrais rajouter mes deux petites pierres à la conversation. Que l’auteur(e) d’une chronique veuille souligner que l’aspect physique de certain(e)s protagonistes d’un récit ait contribué à son attachement pour celui-ci, après tout, pourquoi pas, si le récit en question ne se résume pas à un simple concours de beauté ? On aimerait en revanche que ce genres de remarques puissent se faire autant sur les personnages masculins que sur les personnages féminins, ce qui n’est pas encore forcément le cas. Ensuite, j’ai l’impression qu’on oublie facilement qu’il y a aussi des lectrices qui sont sensibles aux charmes des formes féminines. Et des lecteurs sensibles aux charmes des formes masculines. Et d’autres encore sensibles aux deux. Après tout, la diversité n’est pas l’apanage des récits de Science Fiction ;)

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                  • Répondu par jean-Luc Cornette le 16 janvier 2013 à  21:33 :

                    Tout à fait d’accord, Sylvain.

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