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Yoshitaka Amano : « Il vaut mieux être original plutôt que de chercher à imiter »

Par Charles-Louis Detournay le 22 septembre 2010                      Lien  
Deux expositions bruxelloises sont consacrées à l'illustrateur de Sandman, Vampire hunter D, réputé pour son travail de character design sur Final Fantasy et également célèbre créateur d'animés. Il nous explique pourquoi il juge que l'Art nouveau est un pont entre nos deux cultures.

Yoshitaka Amano est un touche-à-tout incomparable. Passant allégrement de l’animation (1001 Nights, L’Œuf de l’ange, etc.) à l’illustration (Vampire Hunter D), des costumes de théâtre à la création de bijoux et de vitraux, il est surtout réputé comme character designer, principalement pour le jeu universellement connu de Final Fantasy. C’est aussi un dessinateur réputé qui a travaillé sur Elektra & Wolverine, ou plus récemment sur Shinjuku.

Yoshitaka Amano : « Il vaut mieux être original plutôt que de chercher à imiter »
Le catalogue de cette double exposition

Il est venu à Bruxelles dans le cadre de deux expositions qui lui sont consacrées à la Galerie Petits Papiers et à la Maison Autrique, espace muséal dont l’architecture est une référence de l’Art nouveau.

Comment avez-vous été amené à exposer dans la Maison Autrique ?

J’ai tout d’abord été contacté par un collectionneur belge qui désirait absolument acquérir un dessin de Sandman. Celui-ci étant en contact avec Marc Breyne et Alain Huberty, dirigeants de la galerie Petits Papiers. Ils m’ont proposé de réaliser une exposition à Bruxelles. Lors de la discussion, le fait d’exposer également à la Maison Autrique a été évoqué. Ce lieu m’a fort plu, l’Art Nouveau étant très important à mes yeux. J’ai désiré porter l’exposition dans ces deux endroits aussi différents qu’intéressants.

Un exemple du travail d’Alphonse Mucha

Cet attrait que vous partagez pour l’Art nouveau est un lien entre nos deux pays, car c’est la vague d’intérêt pour le Japon et l’Asie qui a contribué à son essor. Comment avez-vous connu ce style spécifique ?

J’ai débuté dans l’animation à Tokyo alors que j’avais une vingtaine d’années. J’ai été fort marqué par une exposition d’Alfons Mucha, l’un des fers de lance de l’Art Nouveau. J’ai été impressionné par la forme, ses couleurs, et cette visite a donc été le début de mon attrait pour ce style. Je ne me suis rendu compte de l’influence asiatique que plus tard. De prime abord, c’est l’aspect européen qui a attiré mon regard. C’est donc cet échange qui sert de lien entre nos cultures.

Le Japon a développé une culture spécifique en fermant ses frontières aux étrangers jusqu’en 1867. Prenant alors un tournant brusque, il a rejeté ses traditions pour s’enticher de ce qui venait d’Europe et d’Amérique, provoquant une certaine confusion. Au travers de cet Art nouveau en provenance d’Europe, nous autres Japonais, y avons retrouvé un part du Japon ancien que nous avions rejeté.

Et l’inspiration qu’en retire Amano

Dans votre œuvre, vous puisez également votre inspiration dans le comics. Cette façon de mélanger les genres qualifie-t-il votre travail ?

En tant que character designer, je crois créer mes propres images. Pour cela, j’ai dû emmagasiner beaucoup de sources et de genres différents. Effectivement, on retrouve le comics, l’Art nouveau, mais aussi de la bande dessinée européenne, Moebius en particulier. Je ne suis bien entendu pas vraiment conscient de mes propres inspirations, car je n’essaye pas d’analyser mon travail.

Enki Bilal et Yoshitaka Amano au Forum International Cinéma et Littérature de Monaco 2008
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Votre œuvre a pourtant une portée universelle, en particulier Final Fantasy. N’est-ce pas parce que avez réussi à concrétiser une sorte de synthèse de ces différents styles ?

Un superbe recueil du travail de Yoshitaka Amano

L’histoire elle-même de Final Fantasy est basée sur un mythe qui est transversal à toutes les cultures. Bien entendu, le dessin doit également suivre cette mouvance. Par exemple, personne n’a jamais vu de dragon, mais chacun est capable d’en reconnaître un. Lorsque je dessine un dragon, je n’essaye donc pas de copier un genre précis, mais je désire le doter d’une touche d’originalité personnelle. Il ne faut pas pas vouloir imiter les autres, ni trop documenter son travail. J’essaye donc d’extraire en moi l’originalité qui fera la réussite du dessin.

Quels sont vos travaux actuels ?

Je travaille toujours dans l’animation. Actuellement, j’ai écrit l’histoire et je réalise le story-board d’un animé qui se nomme Zan. Je suis également en train de dessiner le second tome de Shinjuku, un chasseur de primes en 2020 dans la banlieue de Tokyo. Le premier tome vient d’ailleurs de sortir chez Dark Horse. Enfin, je continue de peindre, notmment pour une autre exposition qui se tiendra au Luxembourg à partir du 11 novembre prochain.

Quelques clichés de l’exposition au cœur de la Maison Autrique :

(par Charles-Louis Detournay)

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Code EAN :

Les expositions Rêves et portraits de Yoshitaka Amano se retrouvent :
- À la Maison Autrique du 17 septembre au 31janvier 2011, 266 Chaussée de Haecht à 1030 Bruxelles. Ouvert du mercredi au dimanche, de 12h à 18h. info@autrique.be
- À la Galerie Petits Papiers du 17 septembre au 23 octobre 2010, 1 place Fontainas à 1000 Bruxelles. Contact@petitspapiers.be

Commander :
- Le catalogue de l’exposition Rêves & Portraits
- Shinjuku tome 1
- Fairies
- The Vampire Hunter D Reader’s Guide
- Sandman : Dream hunters

Yoshitaka Amano sur ActuaBD, c’est aussi :
- sa venue au Forum International Cinéma et Littérature de Monaco 2008, ainsi que le prix qui lui fut décerné
- Elektra & Wolverine : Le Rédempteur

Photographies dans la Maison Autrique : © CL Detournay

 
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6 Messages :
  • Qui a dit que les Japonais étaient modestes ? Parce que là, il repassera, gros melon le monsieur.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 23 septembre 2010 à  15:38 :

      En quoi ? Parce qu’il essaie de ne pas copier les autres tout en restant curieux ? Il me semble pourtant que c’est la base... Pour exister il faut être particulier contrairement a ce qu’on essaie de nous faire croire depuis quelques années...

      Répondre à ce message

  • Il est bien gentil Yoshitaka Amano, mais quand on est un jeune auteur qui débute : « Il vaut mieux chercher à imiter plutôt que d’être original » si on veut être publié.

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    • Répondu le 24 septembre 2010 à  12:14 :

      C’est ce qu’on vous apprend dans les écoles d’art ? Si vous imitez, vous êtes interchangeables donc jettables ! Sans compter que vous provoquez la lassitude du public, fatigue de voir de la bd au km...

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      • Répondu le 24 septembre 2010 à  17:26 :

        vous provoquez la lassitude du public

        Et quid du succès de tous les sous-Loisel, sous-Sfar, sous-Franquin ? Le "public" est un mouton, il achète ce qu’il connait déjà.

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        • Répondu le 25 septembre 2010 à  01:54 :

          Quels sous Loisel et sous fraquin ont connu le succès ? Le sil issu de franquin a avoir connu un succès est bar2 mais lui n’a pas copié, imité. Il a compris l’essence même du dessin de franquin mais justement s’en est desinterressé très vite. Tous les sous machin marchent un temps puis disparaissent dans les oubliettes de l’histoire de l’édition, se retrouvant souvent dans des situations financières et personnelles assez catastrophiques . En grande majorité, seuls ceux qui ont trouvé leur petite musique personnelle ont une petite chance de passer l’épreuve du temps. Et vous parlez de public mouton(ce que je trouve pour le moins méprisant, bien que, je vous le concède, il soit souvent conservateur mais néanmoins on peut le bousculer un peu), mais ce n’est pas une raison pour être un auteur mouton...

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