You don’t own the road boy
Better kick up a storm
You don’t own the big city lights
Better cop out your own
La chanson des Kills va comme un gant à l’oeuvre de Stéphane De Groef. Pas étonnant, dès lors, que le livret estampillé FRMK et le morceau du duo garage arborent le même titre : You don’t own the road.
Clin d’œil avisé du dessinateur au "rock poisseux" d’Alison Mosshart et Jamie Hince, le petit format Florette fleure bon la gazoline (pour rester dans le thème Mosshart). L’hommage sonne aussi comme un avertissement au lecteur : ne pas croire une seconde avoir le contrôle absolu sur la route et les images qui défilent mais se laisser posséder par les propositions mi-rêve, mi-réalité, semées par le dessinateur.
Vous aurez beau chercher les quatre-vingt enseignes qui composent le bouquin entre deux McDonald’s, vous ne les trouverez pas. Ou pas comme ça. Le propre de l’œuvre de De Groef, c’est de dépasser la réalité, de la transcender avec humour et cynisme, de la codifier, de l’habiller de couleurs crayonnées. C’est sa manière à lui de revenir au dessin, à côté de ses activités de graphiste qui l’occupent principalement.
C’est même carrément une façon d’allier le dessin pur à son travail habituel de graphiste. Si le retour au premier a motivé l’entreprise initiale, le second en a dicté la vision. Ainsi, le travail sur les couleurs et la luminosité s’accompagne-t-il d’une attention toute particulière à la typographie de ces enseignes (déformation professionnelle, comme on dit).
Quatre fois vingt enluminures de motels, donc, "crapuleusement glanées sur le web", pour la plupart démontées, remontées, accessoirisées, embellies, afin d’emmener le lecteur dans un voyage imaginaire fascinant, souvent comique, parfois dérangeant, auscultant à la loupe sociologique une certaine culture américaine.
La sélection emprunte plusieurs voies. Bowling Time, Sex Time, ou encore Extra Time sont de la partie et arrêtent le regard avec délectation sur des détails sans cesse redécouverts. Une fenêtre grande ouverte sur un ailleurs qui fait du bien et qui donne une furieuse envie de partir en poussant la musique à fond.
You don’t own the road boy
And neither do I
You don’t own the big city lights
That make my eyes cry
(par Sarah COLE)
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