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Yuio : "J’aime jouer avec les formes, et les rendre élastiques"

Par Nicolas Anspach le 3 novembre 2007                      Lien  
Étienne Simon est plus connu sous le pseudonyme de {{Yuio}}. Cet auteur, au graphisme « cartoonesque » et singulier, vient de publier le premier tome de {Frères de la Côte}. Il y met en scène deux forbans aussi gaffeurs que ratés, qui rêvent de devenir de grands pirates…

Vous avez commencé votre carrière de dessinateur de bande dessinée en publiant des gags dans le journal de Spirou

J’ai effectivement publié Trikäär dans cet hebdomadaire. Cela m’a permis de développer un univers sur une vingtaine de planches. Ces gags m’ont apporté de l’expérience, mais ne m’ont pas permis d’avoir un regard sur mon travail.
Pour cette bande dessinée, Frères de la Côte, j’ai travaillé de manière désordonnée. Je pouvais dessiner un personnage sur la première planche un matin, et l’après-midi terminer un bateau vingt pages plus loin. Je vous l’accorde : c’était un peu bordélique, mais je travaille à l’envie…

Yuio : "J'aime jouer avec les formes, et les rendre élastiques"Les scénaristes vont ont confié le découpage en une fois ?

Il s’agissait plus d’un « séquencier » romancé, que d’un découpage. Denis Bodart m’a aidé à réaliser les premières pages tellement j’étais terrorisé à l’idée de ne pas fournir un travail de qualité. Puis, je me suis lâché… Les scénaristes ont vu les premières pages arriver dans leur mail box deux mois avant la parution du livre. Et pour cause, je ne les avais terminées qu’à ce moment-là.

Vous faites un abondant travail d’illustrateur.

Oui. Je réalise des dessins pour la revue éducativeTremplin publiée par les éditions Averbode. J’y anime chaque mois des jeux et des histoires courtes. J’ai dessiné, pendant des années, des livres pour Artis Historia. Tous les deux mois, un livre tombait… A cette époque, je réalisais également des couleurs pour des BD, comme par exemple Pedro Le Coati.

Pas mal pour un jeune auteur.

Cette expression me fait plutôt sourire. Cela va faire neuf ans que je bosse dans ce secteur. Frères de la Côte est effectivement ma première BD. Mais beaucoup de « jeunes auteurs » n’ont pas neuf ans d’expérience !

Avez-vous l’impression d’avoir un retour intéressant sur vos travaux grâce à votre blog

Non. Les rares retours que j’ai eus, sans rien demander, étaient mes parents. Des Québécois m’ont également dit ce qu’ils pensaient de Frères de la Côte. Mon blog n’est pas, à mon sens, un moyen d’avoir un retour des lecteurs ou des professionnels. C’est surtout un outil de promotion. Il est destiné à des personnes acquises à votre cause.
Lorsque l’on dit que je fais partie de la « blogosphère », cela me fait rigoler. Tous ne sont pas des amis dans la « blogosphère ». J’ai effectivement un blog. La raison de sa création est assez simple : je ne suis pas suffisamment doué pour développer un site internet. Je le constate en travaillant pour les USA : le blog est un outil de proximité réalisé de manière amateur. Le blog est en quelque sorte, une forme de « fanzinat » non avoué. Avoir un site internet, c’est plus valorisant, plus « commercial ». Un site est plus professionnel car l’auteur fait une sélection de ses meilleurs dessins.

Comment êtes-vous entré en contact avec la Caravelle, l’éditeur de « Frères de la Côte » ?

Je connaissais Joachim Regout, l’ancien directeur artistique, de cette filiale des éditions Glénat, depuis mes études à Saint-Luc (Bruxelles). On se croisait de temps en temps, et il me disait fréquemment qu’il appréciait mon travail. Je lui ai proposé le projet et il s’est montré intéressé. Il a été accepté tel que nous désirions le faire. Il était donc logique que l’on signe avec eux.

Et la rencontre professionnelle avec Sylvain Ricard ? Elle a comme origine une amitié ?

Je ne parlerais pas d’amitié, mais de collaborations positives ou négatives qui aboutissent à des projets réussis, ou pas. Cyril (qui signe avec le pseudo Cv7) habite au Québec, et Sylvain Ricard à Paris. L’un s’est chargé de la mise en scène et l’autre des dialogues. Nous avons travaillé essentiellement par emails.

Comment avez-vous abordé cet album ?

C’est l’histoire que j’aurais aimé lire ! Même si je ne savais pas dessiner des bateaux, je me suis dit que je pouvais le faire. Après cet album, je me rends compte que je ne sais toujours pas les dessiner, d’ailleurs (Rires).
Mon graphisme a un côté très « cartoon ». Je ne cherche pas à dessiner de manière réaliste. J’aime plutôt jouer avec les formes et les rendre élastiques. On peut alors se permettre plus de fantaisie pour s’approcher de l’esprit « cartoon » des Japonais et des Américains. Je suis à la croisée de ces deux mondes.

Rough de Denis Bodart.
(c) Bodart.

Vous êtes également coloriste… Qu’est ce que cela vous a apporté ?

La technique nécessaire, en infographie, pour la préparation de planches. J’ai beaucoup appris en travaillant avec Guy Delisle, sur Louis au Ski, ou sur le troisième album de Green Manor pour Denis Bodart. Les couleurs de ces livres ont été faites suite à une véritable collaboration artistique entre les auteurs. Mes travaux sur les autres livres étaient plus de l’exécution.

Un dernier mot sur Frères de la Côte ?

Ce récit contient plusieurs mini-histoires en son sein pour aboutir à une intrigue finale. Un lecteur m’a dit : « Je ne m’attendais pas à cette fin là ». Je le prends comme un compliment

(par Nicolas Anspach)

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Images (c) Yuio, Ricard, Cv7, et la Caravelle.
Photo en médaillon : (c) Nicolas Anspach - Reproduction interdite sans autorisation préalable.

 
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