Comment est né « Ca va bouillir ! » ?
En 1956, nous venions de changer d’annonceur. Nous passions des shampooings Dop de L’Oréal au groupe Lever avec la poudre à laver Sunil dont le slogan était « Sunil bleu, qui ajoute l’éclat à la blancheur ! ». A l’occasion de cette prise d’antenne, dans le panel des émissions qui me sont offertes, se trouve un feuilleton : « Ca va bouillir ! », fine allusion à la lessive qui nous finançait, une séquence de sept minutes passant chaque midi juste avant les informations. Le feuilleton rencontre rapidement un grand succès. La première enquête raconte l’enlèvement d’une star de cinéma du nom de Sophia Lolita. Mais c’est quand l’auteur inventa le personnage du Tonneau que cela a pris sa vraie place. Je me suis tapé plus de 3000 épisodes de ce feuilleton ! A partir de 1962 ou 1963, le feuilleton changea de titre et devint « C’est parti, mon Zappy ! » à cause d’un changement d’annonceur, encore une lessive du même groupe : Omo, avec le slogan « Omo est là et la saleté s’en va ! » C’était ravissant. Cela a duré plus de dix ans jusqu’à l’entrée du groupe Jean Prouvost dans le capital de Radio Luxembourg qui se conclut par le renvoi de tous les porte-bannières de la station !
Comment ce feuilleton arrive-t-il chez Pilote ?
Très simplement. Lorsque François Clauteaux, que j’avais connu comme responsable des budgets radiophoniques de L’Oréal chez Radio Luxembourg, lança Pilote avec René Goscinny, ils ont monté ce partenariat en transposant le feuilleton radiophonique sous la forme d’une bande dessinée. « Ca va bouillir » s’est retrouvé en 4e de couverture de « Pilote. »
Au début, il y a du texte sous l’image, ensuite des bulles. C’est une volonté de votre part ?
Pas du tout ! Je n’intervenais pas là dedans. D’ailleurs, on ne me demandait rien ! L’exploitation dans « Pilote » ne m’a d’ailleurs pas rapporté un centime.
Vous avez rencontré Goscinny plusieurs fois.
Oui, il m’a servi de « nègre » pour un petit opuscule qui s’appelait Quitte ou double ! [i] qui retraçait l’histoire des candidats marquants de l’émission, comme l’Abbé Pierre, etc
Alors là, c’est un scoop ! C’est lui qui a tenu la plume ?
Il a écrit tout ! On a mis Zappy Max sur la couverture mais c’est lui qui a tout écrit ! Il m’a interviewé plusieurs fois avec un magnétophone pour que je lui donne tous les détails, comme font tous les bons nègres.
Quel image retenez-vous de Goscinny ?
Il était toujours un peu triste. Ce n’était pas un joyeux drille. Quand il est passé à Europe, il avait changé de statut : il était devenu « Monsieur Goscinny ».
La BD, c’était votre truc ?
Non. Qu’est-ce vous vouliez que j’y fasse, à part prêter mon frais minois ?
Vous avez connu d’autres auteurs de Pilote ?
Aucun. Je recevais l’abonnement du journal mais, comme j’étais toujours sur les routes, je n’ai pu rencontrer personne. Je n’ai jamais rencontré Maurice Tillieux non plus. Quand j’ai vu les dessins, je trouvais que certains n’étaient pas très ressemblants mais je me suis dit que dans une BD, il fallait que ce soit drôlatique. Les yeux en bille de loto, la moustache et le nœud papillon, c’était suffisant.
Propos recueillis par Didier Pasamonk
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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La bibliographie de Zappy Max dans Pilote sur BDoubliees.com
[i] Quitte ou double ! par Zappy Max, Paris, Société d’édition des Champs-Élysées, 1954. A ne pas confondre avec Mes quitte ou double, plus tardif.
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