Presse & Fanzines

dBD n°104 : Vieux, rebelles et enragés !

Par Patrice Gentilhomme le 2 juin 2016                      Lien  
Si, pendant longtemps, la lecture de bande dessinée fut associée à la littérature enfantine, le temps faisant son œuvre, le lectorat a pris de l'âge.

Constatant le vieillissement progressif de ce lectorat, les éditeurs ont tendance à prendre en compte le phénomène. Eh oui, le lecteur de BD vieillit ! Il est donc important de lui proposer des œuvres répondant à ses préoccupations, ses goûts, ses révoltes et donc de s’approprier par la même occasion d’autres espaces narratifs.

Sans revenir sur le succès d’intégrales ou de rééditions de séries emblématiques, sans se limiter à la nostalgie ou la reprise de vieux succès, plusieurs auteurs ont choisi de s’intéresser plus particulièrement aux seniors.

La série des Vieux Fourneaux (Dargaud) constitue à ce jour l’un des meilleurs exemples de ce nouveau territoire exploré par une génération d’auteurs. Phénomène éditorial, ne serait-ce que du point de vue des ventes, la série de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet donne une vision du « troisième âge » à la fois loin des clichés, iconoclaste et formidablement réaliste.

Si la présence de personnes âgées n’est pas vraiment une nouveauté, on a bien souvent pu constater qu’ils servaient de faire valoir au véritable héros jeune et séduisant. La mise en scène de vieillards à la fois rebelles, dépeints dans un registre suffisamment crédible et porteurs d’un message provocateur ou iconoclaste restait encore assez marginal. Ces choix éditoriaux expliquent sans doute le succès de certains albums. Le rappel pour une génération de lecteurs d’illusions perdues ou d’anecdotes oubliées auxquelles un bon nombre de lecteurs peut plus ou moins s’identifier contribue aussi à cette réussite. La population des seniors, anciens lecteurs, baby boomers des années 1950-1960 demeure une cible privilégiée dans un marché de plus en plus segmenté et fragilisé.

D’autres éditeurs ne sont d’ailleurs pas en reste puisqu’ils s’intéressent aux mêmes générations comme Glénat avec L’Herbe Folle (souvenirs de la génération hippie) ou Bamboo avec L’Adoption (de Zidrou et Monin ) avec le portrait d’un grand-père d’aujourd’hui. Tout cela, bien après qu’un Pascal Rabaté ait lui même bousculé les codes avec ses Petits ruisseaux (Futuropolis) en 2006.

Dans son numéro de juin, dBD s’attarde donc sur l’incroyable succès de cette série, invitant les auteurs à revenir sur la genèse de cette série dont la quatrième partie est annoncée pour l’année prochaine. Un article sur l’accompagnement logistique et marketing de cette création atypique complète cette enquête.

La vieillesse c’est aussi se rapprocher de la fin, les disparitions de René Haussman, et d’Hubert Mounier viennent nous le rappeler douloureusement [1]. Les héros ne meurent jamais, mais pas leurs créateurs.

Ils nous laissent après une riche et longue carrière comme ce fut le cas aussi pour Siné, le rebelle, l’enragé à qui la revue ne pouvait manquer de rendre hommage.

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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[1On fera juste remarquer que J’ai réussi n’est pas le premier album BD de Mounier, mais le second.

 
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