Tanya The Evil T. 19 & T. 20 - Par Chika Toujou & Carlos Zen - Delcourt/Tonkam

Après les tomes précédents qui ont vu aboutir la longue stratégie de l’Empire par une victoire totale et écrasante, littéralement, sur l’armée de la République Françoise (Rappelons que l’action se déroule sur une Terre alternative...), ces nouveaux épisodes ressemblent à une promenade de santé, rythmée par les chants de victoire et les festivités bien arrosées. Ainsi, la marche sur Paris et sa prise prennent la forme d’une simple formalité.

Une facilité qui confirme pour tous, de l’État-major aux simples soldats, que leurs ennemis ont abandonné tout désir de se battre et sont prêts à signer l’armistice tant convoité. Pour tous ? Pas tout à fait. Comme toujours Tanya a une lecture différente des événements, et cette fois-ci elle apparaît complètement à contre-courant de l’ambiance générale, au point que mêmes ses hommes doutent d’elle, alors qu’ils la suivraient jusqu’en Enfer.

Le sentiment d’accomplissement et la joie de voir la guerre se terminer parcourent ces volumes. Bref c’est l’allégresse, car personne au sein de l’Empire ne doute de l’armistice après une victoire aussi triomphante. Mais lorsque Tanya apprend qu’un général françois, dont le nom évoque un aéroport international, a réuni les survivants de leurs forces à Brest, elle comprend que l’armée françoise va faire son "Dunkerque".

Youjo senki © 2016 Chika TOJO © 2013 Carlo Zen / KADOKAWA CORPORATION

C’est l’histoire d’une incompréhension totale : Tanya veut lancer une attaque sur le port de Brest, mais personne ne comprend pourquoi et surtout, ses supérieurs pensent que cela pourrait compromettre les négociations de paix. Pour la première fois, l’audace de Tanya est vue comme une possible mutinerie, voire une recherche de gloire outrageuse.

Notre héroïne ne va pas ménager ses efforts pour convaincre l’État-Major d’agir mais, du lieutenant-colonel Rerugen au Général Zettour, c’est à un mur qu’elle se heurte. En réalité, c’est la logique méthodique et froide de l’Empire qui se retourne contre ce dernier : il ne comprend pas que l’irrationnel et le sentimentalisme guident aussi l’être humain. La frustration de Tanya durant ces deux tomes n’a d’égale que la sidération de l’Empire face à l’annonce de la création des forces françoises libres dans les colonies du sud !

Aucune action, aucune élaboration stratégique ou politique complexe cette fois-ci, mais la constatation d’un autre phénomène : l’aveuglement et l’incapacité de voir de quelle façon les évènements vont évoluer. Une lecture une nouvelle fois passionnante. Et maintenant, direction la Guerre mondiale !

Youjo senki © 2016 Chika TOJO © 2013 Carlo Zen / KADOKAWA CORPORATION