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un palmarès qui fait la part belle aux indépendants

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) François Peneaud David TAUGIS le 27 janvier 2007                      Lien  
NonNonBâ du Japonais Mizuki remporte le prix du meilleur album, et les essentiels sont Black Hole de Charles Burns, Lucille de Ludovic Debeurme, Lupus de Peeters, Le Photographe de Guibert et Pourquoi j'ai tué Pierre d'Olivier Ka et Alfred. L'album Essentiel: Révélation est Panier de Singe de Florent Rupert et Jérôme Mulot.

Les indépendants sortent grands vainqueurs du palmarès 2007 du festival d’Angoulême. On pouvait s’attendre à une telle tendance avec la présidence de Trondheim.
Les lauréats font apparaître un palmarès équilibré, qui privilégie une BD exigeante et de qualité. Les éditeurs indépendants sont justement honorés, forts de leur travail considérable de défrichage depuis 15 ans, qui a amené des auteurs comme Joann Sfar ou Marjane Satrapi sous les projecteurs.

Nous avions présenté ces albums tout au long de l’année, et la rédaction d’Actuabd partage largement les choix du jury :
NonNonBâ était évoqué comme une réflexion sur la vie qui fait mûrir le lecteur.

un palmarès qui fait la part belle aux indépendants
Ludovic Debeurme, Essentiel 2007 et Prix Goscinny pour Lucille (Futuropolis), avec Jean-Claude Mézières, l’auteur de Valérian (Dargaud).
Photo : D. Pasamonik
Alfred et Olivier Ka, Essentiels et Grand Prix du Public 2007 pour "Pourquoi j’ai tué Pierre"(Delcourt)
Photo : Thomas Berthelon

La version intégrale de la série Black Hole de Charles Burns a enthousiasmé notre chroniqueur, pour qui il s’agit d’une œuvre forte et déstabilisante qui ausculte les malaises de l’adolescence dans une Amérique loin d’être triomphante.
Lucille a enchanté l’ensemble de la presse, et sa force dramatique emporte tout sur son passage. Nous en avions souligné la charge émotionnelle.
Pourquoi j’ai tué Pierre était qualifié de petit chef-d’oeuvre ainsi que de révélation à ne manquer sous aucun prétexte.
Quant au Photographe d’Emmanuel Guibert, il a bénéficié à sa sortie d’une large couverture médiatique, son thème -la situation en Afghanistan et le rôle de la photo dans le témoignage de la réalité- ayant captivé l’ensemble des médias.
Lupus est une errance intersidérale aux enjeux très humains. Le volume 4 clôt la série, une des meilleures de ces dernières années selon notre chroniqueur.

Jean-Louis Gauthey, éditeur de NonNonBâ (Cornelius), portant la photo de Mizuki, absent. A l’avant-plan, le trophée de la cérémonie, le Fauve d’Angoulême.
Photo : D. Pasamonik.

Panier de singe, qui reçoit le prix Découverte, s’adresse à un public avide d’expérimentation. Nous le décrivions comme un album expérimental radical qui repousse dans ses derniers retranchements les limites du langage de la bande dessinée.
Le prix Patrimoine revient à l’album Sergent Laterreur de Touïs & Frydman, regroupant des bandes parues au début des années 70 dans le journal Pilote, une œuvre antimilitariste d’un avant-gardisme ébouriffant, trop audacieuse pour son époque et qui n’avait pas, jusqu’à aujourd’hui, été entièrement reprise en album [1]. La plupart des spécialistes n’en connaissaient même pas personnellement les auteurs.
Notons également le prix Fanzines et Bande Dessinée Alternative, attribué à Canicola, un fanzine italien de Bologne.

Touïs & Frydman, les auteurs de Sergent Laterreur (L’Association), Prix du Patrimoine 2007
Photo : D. Pasamonik

Dans ce palmarès, sortent finalement du lot deux albums : Lucille, pour un prix Essentiel, après un prix Goscinny, et Pourquoi j’ai tué Pierre, avec un prix Essentiel et le prix du Public.

Contrairement à des éditeurs comme Delcourt ou l’Association, qui peuvent se réjouir de deux prix chacun, Casterman, Glénat, Dargaud ou Soleil repartent bredouilles. Gageons que cela n’encouragera pas certains éditeurs à calmer leurs attaques (parfois préventives) contre le festival d’Angoulême.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

(par François Peneaud)

(par David TAUGIS)

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En médaillon, Lewis Trondheim posant devant les logos des Centres Leclerc et de la Caisse d’Epargne.

[1Seulement un album, à tirage limité en noir et blanc, avait été publié par l’éditeur du pro-zine belge RanTanPlan, André Leborgne, sous son label Distri-BD.

 
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8 Messages :
  • bravo aux primés, n’empêche cela révèle à merveille qu’il y a deux marchés de la bd, une bd s’adressant à une certaine classe intellectuelle et une bd qui s’adresse au grand public. le festival comme un certain nombre de journalistes semblent avoir pris positions.
    il est bon de faire la promotion de lectures dites plus pointues, mais de-là à snober les autres productions, je trouve cela très dommage.
    pourquoi avoir oublié l’excellent marquis d’Anaon ?

    comme dit dans l’article, le président du jury a certainement influencé le palmares, mais le festival avait déjà pris cette direction depuis plusieurs annnées. ces prix ne représentent pas vraiment la production actuelle , ils s’en éloignent toujours un peu plus chaque année.

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    • Répondu par Depil le 28 janvier 2007 à  14:30 :

      Argh, pitié, quand cesserons-nous de tout cloisonner, tout étiqueter ?

      Les livres couronnés ici sont tous d’un grand intérêt, et l’une des finalités de ce palmarès est aussi (surtout) de susciter la curiosité, l’envie chez le lecteur qui ne trouvera pas forcément ces albums sous ses yeux dans la librairie ou la bibliothèque. Pourquoi fêter des albums à gros tirage si ce n’est pour flatter et entretenir l’ego d’happy few.

      Il existe bien sûr d’excellentes (bonnes en tout cas) séries dans le format 48CC, mais leur suprématie de vente ne doit pas faire croire à leur hégémonie.
      On peut grandir avec Spirou, lire Chris Ware, Blutch ou un manga d’auteur et aimer se replonger dans un Jérôme K Jérôme Bloche ou un Broussaille.
      Même si leur impact émotionnel ne sera pas toujours d’égale valeur.

      Les petites chapelles feront long feu, apprécions juste la qualité quand elle se présente à nous, et fêtons-là sans arrière-pensée.

      Sans rancune, bonne lecture !

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    • Répondu le 28 janvier 2007 à  15:25 :

      NonNonBâ a toutes les qualités requises pour intéresser le plus grand nombre, pour peu de laisser tomber quelques préjugés.
      Et les palmarès reflètent pas trop mal ce que la bande dessinée internationale produit de mieux, loin du microcosme franco-belge.

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      • Répondu par BD75Paris le 29 janvier 2007 à  00:09 :

        Loin du microcosme de la BD française, puisque BD et auteurs belges semblent avoir été oubliés cette année.

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        • Répondu par Captain Dakota le 29 janvier 2007 à  09:48 :

          Touïs et Frydman sont belges !

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        • Répondu par Marjan le 29 janvier 2007 à  10:34 :

          Touïs et Frydman sont bel et bien belges !
          De plus Soleil (Boudjellal) devrait être satisfait : "Lucille" est édité par une de ses maison d’édition.

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          • Répondu par stef du aaablog le 30 janvier 2007 à  19:29 :

            Comme, dans notre beau pays, Osamu Tezuka est souvent comparé à Hergé, alors Shigeru Mizuki n’est ni plus ni moins que le Franquin Japonais (plus fantasque et comique). Donc, si NonNonbâ est une bande dessinée intello, alors Tintin et Gaston en étaient. Bref, arrêtons d’appeler intello tout et n’importe quoi, sinon l’on va finir par croire que créativité, exigence et poésie sont devenus incompatibles avec grand public.

            Voir en ligne : NonNonBâ

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            • Répondu par jy le 6 février 2007 à  22:08 :

              bien sur qu’il est plus interessant de promouvoir des albums qui auraient sans cela bien du mal a faire parlé d’eux et il faut mixer le tres populaire et le plus pointu mais en étant objectif , et en regardant en arriere les premieres années du festival par comparaison , il semble qd meme qu’il y ai un petit peu d’ostracisme vis a vis de la BD populaire ( ne chipotons pas sur le terme ). Il est aussi dommage que les grands anciens dessinateurs encore vivant ne soient pas " honorés" d’une façon ou d’une autre, alors qu"a leur façon ils ont oeuvré a l’élaboration de la BD ( avec majuscule SVP :) ;
              et je ne parle pas forcement des " maitres" mais des oubliés des années 40/60 , dont on apprend qu’ils vivaient encore il y a peu lorqu’on lit la nécro ds " hop" ou ds d’autres médias specialisés.
              Mais peut etre le festival d’angouleme n’est-il pas encore assez le festival de toutes les bd ?

              en tout cas patrice leconte sera content d’apprendre le prix patrimoine , il parlait du " sergent laterreur" ds une de ses interviews ds le defunt bedeka ( je crois ) , cela m’avait d’ailleurs fait me souvenir de cette bd etrange que j’avais lu ds pilote a l’epoque : j’etais gamin et cela m’avait effrayé mais aussi intrigué ( contrairement aux dessin de leconte ds le meme journal , que je n’aimais pas )

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