Les indépendants sortent grands vainqueurs du palmarès 2007 du festival d’Angoulême. On pouvait s’attendre à une telle tendance avec la présidence de Trondheim.
Les lauréats font apparaître un palmarès équilibré, qui privilégie une BD exigeante et de qualité. Les éditeurs indépendants sont justement honorés, forts de leur travail considérable de défrichage depuis 15 ans, qui a amené des auteurs comme Joann Sfar ou Marjane Satrapi sous les projecteurs.
Nous avions présenté ces albums tout au long de l’année, et la rédaction d’Actuabd partage largement les choix du jury :
NonNonBâ était évoqué comme une réflexion sur la vie qui fait mûrir le lecteur.
La version intégrale de la série Black Hole de Charles Burns a enthousiasmé notre chroniqueur, pour qui il s’agit d’une œuvre forte et déstabilisante qui ausculte les malaises de l’adolescence dans une Amérique loin d’être triomphante.
Lucille a enchanté l’ensemble de la presse, et sa force dramatique emporte tout sur son passage. Nous en avions souligné la charge émotionnelle.
Pourquoi j’ai tué Pierre était qualifié de petit chef-d’oeuvre ainsi que de révélation à ne manquer sous aucun prétexte.
Quant au Photographe d’Emmanuel Guibert, il a bénéficié à sa sortie d’une large couverture médiatique, son thème -la situation en Afghanistan et le rôle de la photo dans le témoignage de la réalité- ayant captivé l’ensemble des médias.
Lupus est une errance intersidérale aux enjeux très humains. Le volume 4 clôt la série, une des meilleures de ces dernières années selon notre chroniqueur.
Panier de singe, qui reçoit le prix Découverte, s’adresse à un public avide d’expérimentation. Nous le décrivions comme un album expérimental radical qui repousse dans ses derniers retranchements les limites du langage de la bande dessinée.
Le prix Patrimoine revient à l’album Sergent Laterreur de Touïs & Frydman, regroupant des bandes parues au début des années 70 dans le journal Pilote, une œuvre antimilitariste d’un avant-gardisme ébouriffant, trop audacieuse pour son époque et qui n’avait pas, jusqu’à aujourd’hui, été entièrement reprise en album [1]. La plupart des spécialistes n’en connaissaient même pas personnellement les auteurs.
Notons également le prix Fanzines et Bande Dessinée Alternative, attribué à Canicola, un fanzine italien de Bologne.
Dans ce palmarès, sortent finalement du lot deux albums : Lucille, pour un prix Essentiel, après un prix Goscinny, et Pourquoi j’ai tué Pierre, avec un prix Essentiel et le prix du Public.
Contrairement à des éditeurs comme Delcourt ou l’Association, qui peuvent se réjouir de deux prix chacun, Casterman, Glénat, Dargaud ou Soleil repartent bredouilles. Gageons que cela n’encouragera pas certains éditeurs à calmer leurs attaques (parfois préventives) contre le festival d’Angoulême.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par François Peneaud)
(par David TAUGIS)
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En médaillon, Lewis Trondheim posant devant les logos des Centres Leclerc et de la Caisse d’Epargne.
[1] Seulement un album, à tirage limité en noir et blanc, avait été publié par l’éditeur du pro-zine belge RanTanPlan, André Leborgne, sous son label Distri-BD.
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