Finalement, la vérité éclate : dans leur enfance, Emilie et l’une de ses cousines ont été agressées sexuellement par un certain Jean, un membre de la famille dont on ne donne pas le lien de parenté, et qui est présent à cette fête. Et, malgré le procès qui a eu lieu bien des années auparavant et où il a été condamné, Emilie reste traumatisée et n’accepte pas que le coupable soit mieux considéré par son entourage familial que les deux victimes.
Ce roman graphique en couleurs, d’une grande pudeur, est librement inspiré de la propre histoire de la jeune comédienne Héloïse Martin, la co-scénariste, qui a voulu poser toutes les questions que soulèvent ce fléau des agressions sexuelles incestueuses au sein des familles, où le silence est encore trop souvent de mise pour étouffer le scandale (d’où le titre Les yeux fermés) et minimiser le rôle des agresseurs.
Il est salutaire que le genre de la bande dessinée, qui est un média grand public, aborde cette question cruciale pour toucher le plus grand nombre. Mais il est dommage que le scénario manque parfois de clarté et d’informations : ainsi, on se perd un peu dans la multitude des personnages (dont certains ne sont nommés que tardivement, sans qu’on donne leur lien de parenté). Et le dessin, vivant et plein de sensibilité, n’est parfois pas exempt de maladresse.
À la fin de l’album, trois pages de textes donnent les chiffres de ce fléau et informent sur les associations et mouvements qui peuvent aider les victimes.
(par Benoit MARCHON)
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