Marga Stefǎnescu est née le 25 mars 1913 à Bucarest en Roumanie. Elle hérite de son talent de dessinatrice grâce à son père Eugeniu Stefǎnescu-Est (1881-1980), juge et avocat, mais aussi poète et caricaturiste (il a publié ses dessins en Roumanie, mais aussi en France dans L’Assiette au beurre, L’Indiscret, ou La Chronique amusante au début du XXe siècle ).
Marga Stefǎnescu fait les Beaux-Arts entre 1936 et 1940 et commence à travailler comme graphiste pour le "commandament de Straja Tarii" (Les Scouts de Roumanie.) Ensuite, elle dessine pour la maison d’édition Bucur Ciobanul, où elle conçoit plus de 100 couvertures de livres, mais aussi pour la presse, où elle multiplie les caricatures dans des revues humoristiques : Pacala, Nastratin ou des illustrations notamment dans la revue féminine Mariana.
Elle publie ses premières bandes dessinées entre 1941 et 1947 dans Ziarul Copiilor (Le Journal des Enfants) ou Graiul Copiilor (La Voix des Enfants). Elle y anime plusieurs séries dont les protagonistes sont des gamins. La plus longue de ses séries est Poznele lui Rica (Les Farces de Rica), publiée pendant la guerre, qui raconte la vie quotidienne de Rica et de sa sœur ainée. La série a été sans doute inspirée par les Aventures de Bicot de l’Américain Martin Branner, dont on pouvait acheter les albums en français à la librairie Hachette de Bucarest.
Mais la guerre puis la prise de pouvoir par les communistes vont interrompre d’une façon dramatique la vie et la carrière artistique de Marga Stefǎnescu. Son père, juge d`instruction et avocat dans l’ancien régime, est désigné par le nouveau pouvoir comme un "ennemi du peuple". En 1947, dans des conditions non encore élucidées, il perd la vue et devient aveugle. Le mari de Marga, officier de cavalerie dans la garde royale, est emprisonné par les communistes. Enfin, les maisons d’édition, les revues, comme toute l’industrie, sont nationalisés au printemps 1948 et la dessinatrice ne peut plus y publier ses dessins.
Désespérée, Marga Stefǎnescu fuit Bucarest avec son père et s’établit à Galati, une ville située au bord du Danube, à 250 km de Bucarest, où elle a trouvé par chance une place de professeur de dessin dans un lycée. Plus tard, elle y enseignera la langue française.
Divorcée de son premier mari, elle se remarie avec un médecin, Ion Ciurdareanu, aux côtés duquel elle mène une vie discrète et tranquille, s’occupant jusqu’en 1980 de son père aveugle et quasi centenaire.
Mais jamais plus Marga Stefǎnescu ne reviendra à sa première passion : la bande dessinée.
En dépit de sa courte carrière – 7 ans – ses personnages sympathiques sont restés dans l`Histoire de la BD roumaine, par la fraîcheur de son graphisme mais aussi en raison du caractère historique de ses créations. Ses planches originales avait été exposées pour la première fois en Occident en 2010 au Centre Belge de la Bande Dessinée à Bruxelles, dans le cadre de l’exposition 77 ans de BD en Roumanie.
Il y a un mois, le 25 mars 2013, Marga Stefǎnescu, toujours en bonne santé, a fêté ses 100 ans, entourée par ses amis et ses voisins.
Bon anniversaire, Marga !
Dodo Niţǎ
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