Alors qu’il avait promis de ne pas s’en prendre aux hommes, Galactus revient sur Terre, subjuguant le monde entier par sa puissance. Considéré comme une divinité absolue, il invite les hommes à se libérer des lois et des contraintes morales, plongeant la planète dans le chaos.
Tandis qu’un faux prophète se prétend la voix de Galactus parmi les hommes et met en place une nouvelle religion dédiée au dévoreur de mondes, son ancien héraut, le Silver Surfer, se dresse contre le demi-dieu pour tenter de sauver la Terre de la destruction, pour empêcher les hommes de courir à leur propre perte.
Cette intrigue mitonnée par Stan Lee renoue avec la dimension religieuse des premières aventures du Silver Surfer. Si cette tonalité se montre propice aux questionnements existentiels et métaphysiques, les dialogues saturent cette courte histoire - série en deux numéros pour une cinquantaine de pages au total - jusqu’à la rendre péniblement verbeuse.
Ils se révèlent en effet effroyablement lourds, enfonçant les portes ouvertes avec le ton sentencieux du locuteur persuadé de la subtilité de son propos. Désireux d’épouser une parole biblique dans le phrasé et les tournures employés, ces échanges tombent le plus souvent à plat, leur dimension théâtrale confinant plutôt au pédant surlignement.
De fait, ce récit apparaît maladroit quand il se veut profond. En revanche, deux éléments particulièrement intéressants font de Parabole un volume à ne pourtant pas manquer.
Le premier, correspond à son sujet, même s’il se montre au final approximativement traité. Car c’est bien du fanatisme religieux et de son influence sur le politique dont il est question dans Parabole ; de la manière dont un discours fallacieux, sous couvert d’idéal et d’absolu, se révèle capable de provoquer des mouvements de foule tout aussi irrationnels qu’impossibles à enrayer.
Difficile de ne pas convenir de la permanente actualité d’un tel sujet et la superbe solitude du Silver Surfer, du début à la fin de cette aventure, n’en est que plus tragique.
Le second point qui appelle à la lecture de Parabole, c’est bien évidemment le dessin de Moebius qui confère une grâce sublime au Surfer, rehaussée par sa confrontation à un Galactus que l’auteur qualifie lui-même de "monumental", ce qui transpire littéralement de son dessin.
Le style si reconnaissable de Moebius ne fait pas le moindre doute et son incursion dans le comics ne l’a pas conduit à modifier ses codes graphiques et esthétiques. C’est ce qui rend son appropriation du Silver Surfer si intéressante.
Enfin, cette édition comprend nombre de bonus qui la rendent précieuse. Notamment les commentaires de Moebius sur les différentes étapes de son travail, tout bonnement passionnants : tel dessin retouché pour telle raison, telle aporie rencontrée, telle considération sur l’usage des couleurs dans les comics, sur le lettrage dans la bande dessinée en général .
Plus intéressants même que l’histoire racontée serions nous tentés de dire, comme si cette genèse du volume l’emportait sur la Parabole narrée.
(par Aurélien Pigeat)
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– Silver Surfer : Parabole. Par Stan Lee et Moebius. Traduction Makma / Ben KG. Panini Comics, collection "Graphic Novels". Sortie le 23 avril 2014. 80 pages. 14,95 euros.
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