"Un nouveau Jeudi... Encore". Émile reçoit cet accueil plein d’ironie avec circonspection de la part du maître d’hôtel. Il attend son amant, un important cadre ministériel. Comme d’habitude. Émile rêve d’une relation assumée, pleine et entière. Mais outre son travail, Stefan a aussi une famille : femme et enfants. Et la relation entre les deux hommes est d’autant plus ambiguë qu’après chaque rendez-vous, il laisse une liasse de billets sur le bureau...
Drame de l’adultère ? Misère de la jeunesse homo danoise ? Huis-clos amoureux sur fond de montagnes russes ? Tout cela à la fois, dans un style sensible, sensuel, aux arrondis qui évoquent là autant les comics indés américains que la modernité élégante d’un Blain.
Si les personnages restent crédibles jusque dans leurs excès, le scénario s’essouffle un peu à sonder leurs errements et leurs faiblesses. D’autant que le "témoin-ami", lui aussi coincé dans des relations sentimentalo-financières, nous maintient dans la même tension.
Habile dans sa gestion de l’entre-deux relationnel -pas tout à fait de la prostitution, mais pas non plus du triangle amoureux-, le récit convainc principalement dans sa peinture des affres intérieurs du jeune et naïf Émile, si fragile et révolté à la fois. Et si, au fond, l’album auscultait les relations de pouvoir dans la passion amoureuse ?
(par David TAUGIS)
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Traduit du danois par Anne Grillot et Marc-Antoine Fleuret.