« Je n’étais rien encore
Et je ne serai plus rien
J’aimerais être fort
Pour entrer dans le noir
On a eu beau me dire
Que l’on vit pour la mort
J’aimerais tant vieillir
Plus longtemps que ce soir »
Vous l’avez reconnu, c’est du Jacques Brel pur sucre, celui de « J’arrive » ou des « Marquises », fasciné par la mort. Mais vous souvenez-vous d’où sort cette chanson, dans quelles circonstances ces paroles ont été écrites ? Allons, un petit effort…
Un autre essai ? Voici un extrait d’une autre chanson du même disque :
« Le feu s’étiole
De luciole
En luciole
Noire est la nuit
La lune passe
La lune glace
La lune efface
Froide est la nuit
L’aigle se terre
Parmi ses frères
En Cordillère
Longue est la nuit »
Ah, je vois une étincelle dans l’œil : « Cordillère »… Ca vous dit quelque chose. Oui, ces extraits sont issus de deux chansons que Jacques Brel a écrites pour Tintin et le Temple du soleil, le dessin animé produit par Belvision en 1969 : La Chanson de Zorino et Ode à la nuit. Brel aimait la BD et la BD a toujours aimé Jacques Brel.
Il n’a pas fallu dix ans après sa disparition en 1978 pour que la BD lui rende hommage au travers d’une exposition dans une galerie bruxelloise en 1987 qui produit quatre albums pour le label Brain Factory, des collectors, avec au sommaire les plus grandes signatures de la BD belge : De Geerts à Rosinski, en passant pas Tibet, Mitacq, Peyo ou Will. Vents d’Ouest répéta l’opération en 1997 et le Centre Belge de la BD consacra au chanteur une exposition lors de l’année Brel en 2003.
Les éditions Petit à Petit remettent le couvert à l’occasion de ce trentième anniversaire de la disparition du « Grand Jacques ». On connaît le principe de ces petits volumes qui ont déjà fait la révérence à Brassens, Piaf, Raphaël ou Boby Lapointe : ils servent de support à de jeunes auteurs plus qu’à des signatures connues. Ca donne de belles surprises comme La Fanette de David Signoret, un étonnant Ne me quitte pas d’ Antoine Ronzon, un élégant Au suivant de Benoit Frébourg et un émouvant Jaurès de Chandre & Manolo Prolo.
« Sur toutes choses / La nuit se pose / Et se repose / Longue est la nuit. » chantait Zorino dans L’Ode à la nuit. La nuit de l’oubli surtout. Grâce à ces images, la mémoire du poète se perpétue en de beaux rêves colorés.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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