Quand un écrivain célèbre et sa muse tentent de commettre un double suicide, le camion des transferts pour l’autre monde les transporte dans un monde de Fantasy. Annette qui guide les humains transférés, accueille le Sensei [1] à bras ouvert, mais celui-ci est déçu de ne pas être mort. Pire encore, il tente aussitôt de s’empoisonner...
Voici un isekai [2] qui se joue complètement de ses codes et du parcours habituel du personnage invoqué (à la manière de The Rising of the Shield Hero) pour combattre le mal.
Et non, vous ne verrez pas ici de quête contre les forces démoniaques : le Sensei a balayé ces attentes dès son arrivée. Lui, son objectif est de mourir avec sa dulcinée qu’il souhaite retrouver pour ce faire. Par-dessus le marché, il n’a aucune capacité saillante et ne possède qu’un seul point de vie, rien qui lui permettrait de se démarquer ou même de survivre. Aucun cadeau divin ne lui a été accordé contrairement au personnage classique de ce type de récit !
Aussi, la façon d’appréhender le monde et les paroles du héros le différencie complètement des autres. D’ailleurs, le vrai nom du Sensei reste un mystère. Cette appellation dépasse son statut d’artiste puisqu’il apparaît sous le jour d’un professeur qui pousse les autres à la réflexion, comme cette princesse qui s’émancipe grâce à lui. Sa grande force réside donc dans ses mots qu’ils partage.
En fait, le protagoniste est inspiré de la figure de l’écrivain japonais dépressif Osamu Dazai (1909-1948). La séquence d’introduction rappelle notamment une scène similaire de La Déchéance d’un homme de cet auteur japonais célèbre au XXe siècle.
Sensei, qui n’a que peu d’estime pour sa vie, accorde cependant une grande valeur à celle des autres. Le respect de la vie est le vrai message de l’œuvre.
Mais au fait, qui est le méchant de l’histoire ? Là encore le scénario prend un tournant atypique et rafraîchissant. Si les forces du mal sont citées comme étant le grand fléau, la réalité semble nous indiquer une autre direction : et si les transférés étaient des oppresseurs ? Effectivement, plusieurs situations témoignent de personnages qui abusent de leurs dons à leur seul profit...
Parmi les nombreux clins d’œil et ficelles utilisés dans les mangas de ce style, il faut absolument parler du camion. Dans de nombreuses histoires qui amènent le héros dans un univers parallèle, il est fréquent qu’un camion le percute par hasard, ce qui l’envoie dans cet autre monde. Ce trope est commun dans les isekai au point d’être devenu un meme internet« Truck-kun ». Il est aujourd’hui associé à l’idée que la victime est envoyée dans un autre monde, peu importe si l’incident survient dans un manga d’un autre genre.
Ce concept est donc été repris intentionnellement, pour en faire un outil magique à part entière, assumé comme étant le moyen pour envoyer les personnes choisies dans une autre dimension.
Comme dans la plupart des isekai, un harem commence ici à se former autour du héros. Un cliché complètement tourné au ridicule, car Sensei n’en n’a que faire de ces demoiselles, ce qui donne à cette séquence un tour comique.
De nombreuses références de RPG sont également présentes comme l’écran de compétence et l’expérience qui fait augmenter le niveau, pour le plus grand déplaisir du héros, à rebours des pratiques du genre.
Ainsi, No Longer Allowed in Another World se présente plus comme une parodie remplie d’humour des isekai qui joue avec les codes. Une expérience.
(par Malgorzata Natanek)
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