Le graphisme du premier volet laissait également à désirer. On sentait que Munuera ne dominait pas complètement les caractéristiques graphiques des personnages principaux. Dans leur deuxième album des aventures de Spirou, L’Homme qui ne voulait pas mourir, Morvan et Munuera se sont, semble-t-il, remis en question. Ils réajustent le tir pour nous offrir un album beaucoup plus maîtrisé. Pour ce faire, ils nous trouvent une suite inattendue à l’album Spirou et les Héritiers, le quatrième album de la série, dessiné par André Franquin.
Fantasio se rend dans la maison de son oncle, Tanzafio, pour l’entretenir et y faire le ménage. À peine s’est-il mis à l’ouvrage qu’une ombre décharnée mais énergique fonce sur lui, le bouscule et s’échappe dans le jardin. Des inconnus en imperméable surgissent de nulle part et coursent le fuyard. Fantasio suit le mouvement... Le fugitif n’a qu’une seule idée en tête : se rendre dans la remise du bâtiment pour y boire le précieux liquide qui lui rendra sa jeunesse et ses traits d’antan.
Fantasio découvre avec stupéfaction que ce moribond ragaillardi par le breuvage n’est autre que son oncle. On le disait mort !
Les deux inconnus qui poursuivaient l’oncle sont des hommes de main de Zantafio, le maléfique cousin de Fantasio. Ce dernier surgit et menace maintenant les deux membres de sa famille de son arme.
L’oncle explique alors qu’il a fait une découverte fantastique lors de l’un de ses voyages : il a trouvé au Guaracha, un pays d’Amérique latine proche de la Palombie, une source de jouvence qui lui assure une vie éternelle. Il doit cependant boire régulièrement de cette eau pour que son corps ne tombe pas décrépitude.
Zantafio s’empare aussitôt du plan qui indique où se trouve la source. Une course-poursuite démarre entre les deux hommes. Appellés en renfort, Spirou et Spip vont évidemment accompagner Fantasio et son oncle sur les traces du peu scrupuleux Zantafio. Au fin fond de la jungle sud-américaine.
Les nostalgiques des aventures de Spirou et Fantasio, réalisées par Franquin et même par Tome & Janry, risquent d’être à nouveau déstabilisés en lisant L’Homme qui ne voulait pas mourir ! Morvan et Munuera cherchent à s’approprier la série en dynamisant la narration, tout en tentant de rester fidèles à l’univers mis en place par leurs prédécesseurs.
Même si certains lecteurs seront gênés par une représentation plus épurée (plus proche d’un dessin animé) des personnages, le dessinateur espagnol a néamoins su placer sa caméra dans des coins inattendus, produisant ainsi des plans qui ne manquent pas d’audace.
Munuera tente d’autres effets graphiques plus dérangeants, par exemple la duplication d’une partie du corps d’un personnage pour suggérer le mouvement, comme dans une animation. Certains de ces effets sont réussis, d’autres alourdissent inutilement le dessin et la lecture.
Jean-David Morvan nous propose là un scénario émaillé de clins d’oeil aux précédents albums de la série comme à d’autres de ses albums. Il nous sert une formidable intrigue, malheureusement gâchée par une trop longue course poursuite (en fantacoptère et puis par bateau). Il aurait été sans doute préférable que nos héros passent plus de temps avec les indiens du Guaracha, qui se révèlent particulièrement attachants.
La prochaine histoire se déroulera au Japon. Sera-il l’album de la réconciliation entre les anciens et les nouveaux lecteurs de Spirou ? On ne peut que l’espérer : les auteurs trouvent peu à peu leurs marques dans cet univers, étape nécessaire pour la porter vers d’autres sommets.
(par Nicolas Anspach)
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