Une agression d’une femme sous la douche pour ouvrir le livre... Après avoir été au cœur de l’Exposition universelle de 1958 à Bruxelles en tant qu’hôtesse d’accueil, avoir assisté à l’avènement d’un Congo indépendant en tant qu’hôtesse de l’air, puis au catastrophique incendie de L’Innovation comme journaliste, et s’être plongée dans le Bruxelles occupé, c’est ici en dehors de sa sphère professionnelle que Kathleen voit sa curiosité piquée : accompagnée de Gérard, pilote à la Sabena, elle voyage en train-couchettes en direction de la Belgique.
Elle y heurte Annelore, une jeune musicienne allemande (du moins, elle voyage avec un étui à violon), qui semble très inquiète. Sensible à cette jeune femme, Kathleen l’invite à la rejoindre plus tard au wagon-restaurant. Mais Annelore ne vient pas, le train s’arrête en pleine voie, et Annelore a disparu. Seul l’étui à violon demeure dans sa cabine. Sentant qu’il y a là une affaire à résoudre, Kathleen se met en tête de la retrouver. La voilà désormais dos... au mur.
Cette intrigue mène Kathleen entre Bruxelles et Berlin : nous sommes en septembre 1961, au moment où un mur de béton divise la ville allemande, partagée en quatre secteurs depuis la fin de guerre. C’est bien évidemment le décor idéal pour que s’y mêlent espionnage, manipulation, paranoïa. Et quand la vie privée, passée et présente, s’en mêle, le cocktail devient explosif. Mais si Kathleen prend l’initiative de s’embarquer dans cette aventure, on la découvre cette fois bien peu maîtresse de la situation. Et si on se servait d’elle ?
Cette nouvelle production des éditions Anspach est toujours impeccable : le scénario de Patrick Weber est bien ficelé (même s’il faut parfois compter sur les intuitions de Kathleen, dont les fondements demeurent incertains et fragiles, pour le faire progresser), et le dessin de Baudouin Deville est impeccable, respectant la ligne claire à laquelle nous a habitué la série.
On plonge toujours avec passion dans cette grande histoire du XXe siècle (toujours documentée en fin d’ouvrage), vue à travers un regard qu’on ressent avec, ça et là, dans les décors, dans les dialogues, quelques spécificités bien belges. Impeccable !
(par Damien Boone)
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