Nous sommes en 2005 : c’en est trop pour Allan. Encore vert, il s’échappe par la fenêtre et file vers la gare routière où il rencontre un individu louche qui lui demande de garder sa valise le temps qu’il se soulage aux toilettes. Mais un bus arrive : Allan y embarque, et la valise avec ! Problème : celle-ci contient des millions de couronnes suédoises. En plus du personnel de la maison de retraite, un groupe de voyous est désormais à ses trousses. Mais de rencontres improbables en heureux hasards, le désormais centenaire échappe à ceux qui le cherchent, et fait des rencontres (parmi lesquelles un éléphant) avec qui il traverse la Suède. Cette escapade se double d’un voyage dans le temps, où l’on apprend que ce vieil homme en apparence sans histoire a traversé le XXe siècle en contribuant à une bonne part de ses plus grands événements. Et tout cela en étant inculte et sans stratégie !
Cet album est l’adaptation du roman éponyme de Jonas Jonnasson, publié en 2009, vendu à des millions d’exemplaires. Difficile de mettre en images un récit si haletant, dont le succès est notamment dû à la qualité de la plume de son auteur. Son adaptation sur grand écran (2014) avait généré quelque déception chez celles et ceux que l’oeuvre originelle avait conquis. Ici, même en essayant de prendre cette adaptation comme une production inédite, difficile d’y adhérer. Si la situation de départ est prometteuse, le récit de Taillefer (ou plutôt le double récit, entre la cavale et les flash-back vers le siècle passé) est assez peu lisible.
L’exploration du XXe siècle, au cours duquel on apprend qu’Allan a contribué à l’invention de la bombe atomique, et qu’il a croisé, entre autres, Franco, Staline et De Gaulle, semble constituer une histoire parallèle, qui n’éclaire pas le présent et constitue des parenthèses dont on ne sait pas si elles sont censées être drôles, graves, émouvantes. Au dessin, Grégoire Bonne opte pour un trait semi-réaliste qui n’apporte pas franchement le dynamisme et le mouvement du scénario. Assez figés, les personnages semblent dénués d’émotions. Certes, le récit d’origine est déjanté et assez peu réaliste mais là, on est souvent perdus.
(par Damien Boone)
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