Le rakugo n’est pas toujours très connu en Occident. De son côté, Isan Manga, comme son nom l’indique, Isan signifiant patrimoine en japonais, multiplie les initiatives permettant de mieux faire redécouvrir des titres du manga s’inscrivant comme des classiques du genre.
Ce fut le cas récemment avec sa traduction d’aventures de Sherlock Holmes illustrées par Shôtarô Ishinomori, en attendant une prochaine réédition - intégrale - du Takeru de Buichi Terasawa.
Le Disciple de Doraku de Akira Oze suit l’initiation d’un jeune instituteur de maternelle qui fait du raguko sa véritable vocation. Étienne Barral et Karim Talbi, pour avoir déniché ce titre, démontrent leur aptitude à savoir détecter aussi des perles de série à la conception plus récente. Cet ouvrage était même en lice pour le 9e Prix de la Critique Asie ACBD cette année.
Fidèle à la logique qui meut Isan Manga, ce titre se rapporte à l’une des traditions culturelles anciennes et fortes du Japon. En effet, le rakugo constitue un art de raconter des histoires drôles remontant aux débuts du shôgunat des Tokugawa (période d’Edo, 1603-1868). Des lieux de spectacle spécifiques lui sont dédiés (yose). Il se transmet, comme souvent dans l’Archipel, via un long apprentissage de maître à disciple.
Dans sa forme principale, un seul conteur (rakugoka) doit exercer sa verve face au public en ne disposant que de peu de moyens pour captiver son attention, hormis un éventail. Ce dernier lui sert à figurer toute sorte d’objets ou accessoires. Le rakugo se décline notamment sous d’autres variantes, dont le manzai, sorte de stand-up en duo.
Takeshi Kitano s’est rendu célèbre au Japon en s’y livrant aux outrances pour lesquelles il est connu là-bas avec un partenaire, avant de se faire remarquer encore à la télévision où des émissions dominicales entretiennent depuis des dizaines d’années le feu sacré du rakugo, qui recrute chaque année de nouveaux adeptes. Puis le trublion nippon s’orienta vers le cinéma, dans un registre oscillant entre humour et films de yakuzas.
Pour ce qui est des animations autour du rakugo à Japan Expo, en plus d’une petite exposition bien conçue, des conférences proposent de se familiariser avec cette discipline. Elles sont animées par Sandrine Garbuglia et Stéphane Ferrandez, qui fait partie de ces Occidentaux qui, par l’intérêt qu’ils lui témoignent en adoptant sa pratique, ont contribué à en redoubler l’engouement au pays du Soleil Levant.
L’attrait national pour le rakugo date de l’ouverture sur l’étranger de l’ère Meiji (1868-1912). En même temps que la naissance du manga. Pas étonnant que certains d’entre eux s’en mêlent, bonifiant le répertoire de ces histoires comiques, ou parfois tragi-comiques, par son apport syncrétique.
L’initiation au rakugo lors de Japan Expo aboutit immanquablement au stand d’Isan manga, situé près de celui de la ville de Kyôto. On ne manquera pas d’y faire dédicacer un des deux tomes sortis en français du Disciple de Doraku, auxquels a contribué le pétillant Stéphane Ferrandez. Lequel se produit sur scène, dans des conférences ou lors de représentations spécifiques que l’on peut retrouver sur son site. Avis aux amateurs !
(par Florian Rubis)
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Japan Expo 16e impact du 2 au 5 juillet au Parc des Expositions de Paris-Nord Villepinte.
Le site de l’événement
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En médaillon : Stéphane Ferrandez, lors des conférences sur le rakugo à la Japan Expo. / Toutes les photos de cet article : © 2015 Florian Rubis