Le thème de la surdité a déjà été abordé en BD, que ce soit avec Léo, Dans l’oreille d’un sourd (éd. Steinkis), ou encore Paroles de sourds ou Des mots dans les mains. Mais à chaque fois, le héro, qui est toujours un enfant, communique en langue des signes.
Or, nous avons oublié que pendant un siècle, de 1880 à 1976, de bien pensants (et entendants) scientifiques ont décidé que la langue des signes ne serait plus enseignée, affirmant la supériorité de l’oralité sur la gestuelle. Il fallait donc que les enfants apprennent à parler en ressentant les sons.
Cette décision a enfermée des générations d’enfants sourds dans un isolement social dramatique. L’héroïne de cet album, dont on ne connaît pas le prénom, n’a donc que peu de moyens pour communiquer avec son entourage. Entre un père absent et une mère un peu dépassée par les événements, elle se construit un univers bien à elle.
Un album doux (comme le toucher de la couverture), presque sans texte, dont la moindre des qualités n’est pas la découverte d’un nouvel auteur, Cécile Bidault qui signe là son premier album.
Elle montre déjà un style graphique bien à elle avec une mise en couleurs particulièrement soignée. Wandrille, directeur des éditions Warum, est un vrai découvreur de talents. Gageons qu’il a peut-être déniché une nouvelle perle en devenir.
(par Jérôme BLACHON)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion