Comme ses prédécesseurs, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère, cet album nous entraîne dans un monde qui n’est plus. L’éducation, la place du maître, les punitions, tout a changé. Il ne s’agit pas d’avoir le discours passéiste du "c’était mieux avant", ceux qui le tiennent ont oublié les ravages de la tuberculose à la même époque, le travail des enfants à 12 ans et la famine qui pouvait encore sévir.
Mais c’est un réel plaisir de suivre Marcel dans son nouvel environnement où il cherche sa place, se fait des amis et s’amuse parfois aux dépends de ses professeurs. Ce temps est à la fois proche (nos parents/grand-parents ont pu le connaître) et lointain, tant il nous semble étranger. Une mention spéciale à "l’astucieux Monsieur Vincent", archiviste de la préfecture, qui organise un tournoi de pétanque d’anthologie.
Encore une fois, les auteurs, Serge Scotto et Éric Stoffel, adaptent parfaitement le texte de Pagnol et subliment ses talents de conteur. Et le dessin de Morgan Tanco est toujours aussi précis et prompt à rendre la lumière provençale.
Il faut noter que les Mémoires de Pagnol formaient une trilogie. Les auteurs ont choisi d’en faire une tétralogie, justifiant ce choix par le thème totalement différent qui sera abordé dans le dernier opus. Nous attendrons donc la fin avec Le Temps des amours pour découvrir un Marcel un peu plus âgé.
Enfin, un bémol sur le rythme de parution : un second album Pagnol, Jean de Florette est paru à un mois d’écart. Constituant un des succès les plus connus de l’auteur, cette adaptation est, certes, attendue, mais comment valoriser deux titres aussi rapprochés ? Nous n’en ferons d’ailleurs pas mention tout de suite et attendrons la sortie de la suite, tout aussi attendue, Manon des sources, pour faire une analyse complète.
(par Jérôme BLACHON)
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