Elle était née Trina Perlson, le 17 août 1938 à Brooklyn, issue d’une famille juive de la Yiddish Belt de New York City. Dès les années 1950, elle est membre active de club de Science-Fiction dont elle illustre les fanzines, notamment Habbakuk. Elle contribue comme illustratrice à la revue East Village Order ou la revue Underground Gothic Blimp Works. On lui doit aussi la conception du costume de Vampirella dessiné par Frank Frazetta pour le numéro 1 de la revue (Warren Publishing, septembre 1969).
En pleine vague hippie, elle se dirige vers San Francisco, le cœur vibrant de l’Underground Comix, où elle côtoie toutes les figures du moment : Robert Crumb, Gilbert Shelton, Spain Rodriguez, Bill Griffith, Vaughn Bodé, Kim Deitch… Dans ce monde d’hommes (elle critiquera vertement la misogynie de Crumb, le chef de file du mouvement) , elle est la première grande autrice féministe, cofondant avec Barbara "Willy" Mendes la première revue de BD publiée par Last Gasp exclusivement conçue par des femmes : It Ain’t Me, Babe (1970). Elle dirige surtout l’anthologie Wimmen’s Comix pendant plus de deux décennies et où elle publie, dans le N°1 « Sandy Comes Out », la première BD ouvertement lesbienne.
Elle ne tourne pas pour autant le dos à la BD « mainstream » : elle adapte dans les années 1980 le romancier Sax Rohmer ou l’autrice de SF Tanith Lee dans The Silver Metal Lover. Elle reprend notamment pour Marvel la série Millie the Model, pour mieux la dépoussiérer. On lui doit aussi la série California Girls pour Eclipse Comics.
Dans les années 2000, elle réalsie la série Go Girl ! qui sera publiée successivement par Image Comics puis par Dark Horse. Elle dessine surtout Wonder Woman dans The Legend of Wonder Woman, une séquence notable du « Big Bang » du comics DC : Crisis on Infinite Earths. Très critique de la tendance éditoriale qui consiste à « pinupiser » de plus en plus l’héroïne, elle conçoit avec Colleen Doran le roman graphique Wonder Woman : The Once and Future Story, qui dénonce la violence conjugale.
Mais c’est surtout son combat pour la promotion des femmes dans l’industrie du Comic Book qui restera dans les mémoires. On lui doit plus d’une quinzaine d’essais historiques sur le sujet : Women and the Comics avec Catherine Yronwode (Eclipse Books, 1985), A Century of Women Cartoonists (Kitchen Sink, 1993), The Great Women Superheroes (Kitchen Sink, 1997), Girls to Grrrlz : A History of Women’s Comics from Teens to Zines (Chronicle, 1999), The Great Women Cartoonists (Watson-Guptill, 2001), Lily Renée, Escape Artist : From Holocaust Survivor to Comic Book Pioneer (Graphic Universe, 2011) Pretty In Ink (Fantagraphics, 2013), Babes in Arms : Women in Comics During the Second World War (Hermes Press, 2017) ou encore Flapper Queens : Women Cartoonists of the Jazz Age (Fantagraphics, 2020), Won’t Back Down : An Anthology of Pro-Choice Comics (Last Gasp, 2024).
Outre de nombreuses récompenses dont plusieurs Eisner’s Awards, elle a été élevée, en France, au rang de docteure Honoris Causa de l’Université Bordeaux Montaigne et avait fait à ce moment l’objet d’une exposition conçue par Jean-Paul Gabilliet.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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