Beethoven wars : quand Beethoven rencontre l’animé et le manga

« Tout part d’une réflexion dans un train au retour d’Angoulême » confie Laurence Equilbey chef d’orchestre du l’insula Orchestra et metteur en scène du spectacle. Une idée qui a germé durant ce trajet celle de jouer de nouveau les musiques de scène de Beethoven dans un « univers manga. »

Un projet de trois millions d’euros, en grande partie subventionné par le programme France2030 qui vise à développer des spectacles vivants qui utilisent la XR, la réalité augmenté ou la réalité virtuelle.

Laurence Equilbey s’entoure alors d’une équipe de réalisateurs et de metteurs en scène rompus au spectacle vivant mais aussi des réalisateurs et animateurs spécialistes du cinéma d’animation ainsi qu’une équipe d’auteurs et scénaristes. L’objectif : reprendre les deux pièces de théâtre du XIXe siècle écrites par August Von Kotzebue Le Roi Stéphane et Les Ruines d’Athènes pour en faire une seule et même histoire inscrite dans le futur, dans l’espace et avec un style manga.

Parmi les noms familiers du monde la BD, on retrouve Arthur Qwak (Le Soleil des loups, avec Gilles Gonnort, Alfred du meilleur album en 1988), Martin Quenehen, le scénariste du Corto Maltese de Bastien Vivès, le studio Je Suis bien content (Persepolis, Le Jour des corneilles, Avril et le monde truqué, Les Secrets de mon père...) mais aussi à la réalisation et la mise en scène Antonin Baudry (le scénariste de Quai d’Orsay avec Christophe Blain ). De nombreux artistes junior et senior de l’animation ont aussi été sollicités pour la partie visuelle, avec cette fois-ci une liberté créative assez rare dans l’animation : les visuels sur lesquels ils travaillaient en temps qu’artistes sont ceux à l’écran.

En définitive, le spectacle sera composé d’une projection d’un film d’environ une heure sur un écran incurvé de plus de 300 m2 accompagné par un orchestre et des chanteurs de plus de 120 artistes jouant sur des instruments d’époques.

Pour répondre à un soucis de budget mais aussi pour ne pas que les spectateurs ne soient obnubilés par les images, ce film ne sera pas un véritable film d’animation mais bien un film en 2D et demi, un Motion Manga comme l’appelle la production. Le principe : mettre en mouvement certains éléments issus des cases et des illustrations sans faire se mouvoir les personnages. Le rendu sera à voir à la Seine Musicale à Paris les 23, 25 et 26 mai 2024 avant une tournée en France et ailleurs. Une adaptation en 3D pour les casques V.R. est aussi en cour de développement.

Si les premiers visuels de promotion avaient beaucoup de charme, certains extraits vidéo ne s’annoncent pas au niveau de l’attente pour ce spectacle qui s’adresse principalement à un jeune public. La production martèle son intention de faire de Beethoven Wars un film dans l’univers et « avec les codes du manga », ce qui peut sonner comme un argument marketing. On peut comprendre la volonté d’instruire et d’ouvrir le jeune public du manga à la musique classique et romantique du XIXe siècle et aux partitions de Beethoven, mais cela ne saurait estomper le fait que les musiques qui accompagnent la plupart des animés asiatiques n’ont rien à envier aux arrangements du XIXe siècle.