Pourtant, ne trouvait-on pas des circonstances atténuantes à ce gamin qui perd ses parents en raison de l’explosion accidentelle d’une bombe récupérée de la Seconde Guerre mondiale ? Une enfance pauvre passée dans les champs à essuyer les provocations et les quolibets de familles à peine plus riches que la sienne, mais protégées par la Camorra locale.
Le petit Totò, 1m58, ne craint ni la bagarre, ni le sang. On peut dire même qu’il aime cela… Avec sa bande, il va éliminer toutes les factions rivales, jusqu’à devenir le bras droit du « pape » de l’organisation. Puis à le remplacer… Mais les temps ont changé. La police aussi : jadis facilement corruptible, elle a aujourd’hui davantage de moyens et la détermination de faire place nette.
Aussi assiste-t-on au déclin du chef de la mafia, jusqu’à son arrestation après des décennies de cavale. Une trahison des siens en est à l’origine. À Parme, il n’y a plus qu’à attendre la mort, mais un spectre apparaît et l’interroge sur son passé. Le procédé est habile…
L’album est magnifiquement dessiné par le dessinateur d’origine argentine Facundo Percio, dans une touche à la belle facture graphique qui n’est pas sans rappeler celle d’un Dominique Bertail, l’autre complice de JD Morvan. Un trait réaliste au fusain rehaussé de couleurs sobres mais au traitement davantage expressionniste. Il impressionne par sa puissance...
On l’avait déjà remarqué dans La Ferme de l’enfant-loup et dans Les Croix de bois adapté de Roland Dorgelès, avec, là encore, Morvan à l’écritoire. Toujours est-il que Facundo Percio est sans conteste un des meilleurs dessinateurs réalistes de cette époque.
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
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