Le fait saillant dans l’étude opportunément livrée par le Centre National du Livre à l’occasion de l’événement, c’est qu’un jeune de 16-19 ans sur trois ne lit pas du tout dans le cadre de ses loisirs : « Si 84% des jeunes lisent pour l’école, leurs études ou leur travail, dit le rapport (soit -2 pts vs 2022 et -6 pts vs 2016), chez les 16-19 ans, cette proportion chute à 68% pour les filles (vs 74% en 2022, soit -6 pts) et 59% chez les garçons (vs 68% en 2022, soit -9 pts).
Ce décrochage est encore plus fort dans le cadre des loisirs, puisqu’ils sont 81% à lire au global (soit -2 pts vs 2022), mais à 16-19 ans, ils ne sont plus que 74% à le faire chez les filles (vs 85% en 2022, soit -11 pts) et 50% chez les garçons (vs 65% en 2022, soit -15 pts). »
Autre fait saillant : au quotidien, les jeunes passent dix fois plus de temps sur les écrans qu’à lire des livres : 19 minutes par jour pour la lecture alors qu’ils passent 3h11 en moyenne sur les écrans (IMPORTANT : on ne compte pas la lecture d’un livre numérique ou l’écoute d’un livre audio…). On pourrait se dire : « Bah, ils lisent quand même un peu sur les écrans… » Meuhnon : « 48% des lecteurs (69% des lecteurs de 16-19 ans) font autre chose sur écran en même temps qu’ils lisent et ce plus fortement qu’avant (+5 pts vs 2022). Parallèlement, 20% des lecteurs loisirs lisent moins de 15 minutes sans s’arrêter et 27% des non-lecteurs loisirs estiment qu’ils ont aussi du mal à se concentrer (+10 pts vs 2022).
La BD et (évidemment) le manga, lecture favorite des jeunes
On s’en doutait mais l’étude le confirme : quand ils lisent pour leurs loisirs, les jeunes se tournent prioritairement vers les BD et les mangas : « Les BD/Mangas/Comics poursuivent leur progression chez les lecteurs loisirs (+4 pts vs 2022 ; +13 pts vs 2016), grâce aux mangas (+7 pts), plébiscités par toutes les tranches d’âges et en particulier par les garçons de 13-15 ans ; plus des trois quarts des lectures personnelles de ces derniers sont des mangas. » Loin derrière, le roman avec un intérêt marqué pour les romans sentimentaux (Harlequin sauce moderne, quoi) et la Dark Romance.
Important : Près de la moitié des jeunes a désormais déjà lu un livre numérique, majoritairement sur smartphone, ce qui confirme le potentiel de ce secteur : « 44% des jeunes (49% des lecteurs de mangas) ont désormais déjà lu un livre numérique (+11 pts vs 2022 ; +25 pts vs 2016), majoritairement sur smartphone, en très forte progression (+6 pts vs 2022 ; +33pts vs 2016). Ils sont également 42% à avoir déjà écouté un livre audio. Par ailleurs, 10% des jeunes ont déjà eu envie de lire un livre grâce à une personnalité suivie sur les réseaux sociaux et, pour leurs loisirs, les lecteurs choisissent plus fortement qu’avant leurs livres après en avoir entendu parler sur les réseaux sociaux (+5 pts) ou par un influenceur livre (+7 pts), et ont davantage envie de lire un livre après avoir vu une série ou un film sur une plateforme (66% des lecteurs loisirs ; +12 pts). »
Une programmation qui reflète les tendances de la BD
Si l’on considère les plateaux qui s’affichent autour de la BD aujourd’hui, outre la présence de Michel Rabaglati qui justifie la présence du Canada invité, on s’aperçoit que les thèmes concernent souvent des tendances « grand public », comme la cuisine, l’actualité (notamment les 30 ans du génocide des Tutsi au Rwanda), l’écologie, et le féminisme, soit la non-fiction, plutôt pour les lecteurs adultes. La seule concession à la fiction est la reprise des grands classiques (Blake et Mortimer, Simenon, Thorgal…)
Les mangas sont singulièrement absents de la programmation (contrairement au Festival d’Angoulême, par exemple), ce qui est légèrement contradictoire avec la réalité du marché. Bah, Japan Expo nous attend dans trois mois.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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