Allez qualifier de Franco-belge ce Français né en Suisse qui vit en Belgique et qui porte un nom alsacien ! C’est pourtant la composante belge qui domine puisque, échu au pays de la BD en pleine âge d’or, il y devient l’élève d’Eddy Paape à Saint-Luc, dans une classe de BD créée à l’instigation d’Hergé, puis aux Beaux-Arts de Bruxelles où Edgar Jacobs usa ses fonds de culottes. Ayant publié un premier album en 1988, une Histoire du Tennis qui regarde Daniel Goossens de très près, il est touché par l’esprit saint de la Ligne claire en illustrant Nero Wolfe et plusieurs Maigret de Georges Simenon de belle qualité pour les éditions Lefrancq.
Puis en 1997, on le repère dans (A Suivre) avec Le Cercle des sentinelles (3 tomes), sur un scénario de Stephen Desberg. Dans la foulée, c’est Jean Dufaux qui prend le relais avec Les Rochester (6 volumes parus) dans un style très jacobsien qui ne le quittera plus. Une collaboration qui se poursuit avec deux volumes de la collection Elza chez Glénat.
Devenu prof, il espace ses créations jusqu’à ce « Rêveur d’apocalypses » signé François Rivière (et Benoit Bekaert pour les couleurs) où il raconte de façon somptueuse la vie du créateur de Blake et Mortimer pour Glénat. L’éditeur grenoblois remet le couvert pour une vie d’Yves Chaland, le wonder boy de la Ligne claire des années 1980. D’où vient la Ligne claire ? Telle est la question qu’il développe dans ce podcast où il la théorise littéralement, comparant le dessin de Hergé, de Jacobs et de Chaland.
Le « grand saut » esthétique lié à la Ligne claire, explique-t-il, a eu lieu dans l’entre-deux-Guerres, quand on est passé au style graphique des Arts Décoratifs. Auparavant le dessin avait encore un rapport avec la peinture : le modelé, le contraste, le réalisme… Puis on est passé à un dessin épuré « en relation avec ce qui se fait dans le design et l’architecture. » Un exemple ? Matisse, né dans le post-impressionnisme, il passe au fauvisme et termine sa carrière avec des papiers découpés en surface de collage. « Il a épousé le XXe siècle ! » s’enthousiasme Philippe Wurm.
Écoutons-le nous dispenser sa leçon d’histoire du dessin…
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
(par Kelian NGUYEN)
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