Yann est l’un des scénaristes qui pèse le plus lourd dans le paysage de la BD francophone d’aujourd’hui. Il s’était fait connaître en dynamiteur caustique du récit de genre dans les années 1980 avant de mener une carrière remarquable faite de créations originales comme Pin-Up, Odilon Verjus, Spoon et White, Le Grand Duc, Dent d’ours, Black Squaw, Double 7 ou encore l’excellent Atom Agency, et de reprises de grands classiques comme Le Marsupilami, Lucky Luke, Spirou et Fantasio, XIII Mystery et surtout Thorgal dont il est le scénariste de la série régulière aujourd’hui, le seul qui puisse rivaliser avec Jean Van Hamme.
Le récit d’aviation n’est pas une nouveauté pour lui puisque Pin Up, Le Grand Duc, Dent d’ours, Black Squaw ou Double 7 figurent parmi les meilleurs récits du genre à date. On est même surpris qu’on ne soit pas allé le chercher plus tôt pour animer Buck Danny, la grande série d’aviation de la bande dessinée classique belge.
Le spin-off « Origines » se donne pour mission de conférer de la profondeur à l’aviateur à la mâchoire carrée et aux yeux couleur d’acier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Yann y réussit à merveille : on découvre dans le diptyque Le Pilote à l’aile brisée et Le Fils du Viking noir tous les secrets qui sous-tendent la vocation de l’aviateur de l’US Navy. On y voit, grâce à une fluide construction alternée, son père, sa mère, son jeune frère, son premier flirt, ses premiers pas dans l’aviation, ainsi que son vrai nom !
Mais surtout sa participation décisive à la Guerre du Pacifique, où il croise (Yann adore ce genre de caméo) un certain John Fitzgerald Kennedy et où on ne lui attribue rien de moins que d’avoir abattu l’amiral Isoroku Yamamoto, l’artisan de l’attaque-surprise contre Pearl Harbor, lors de la célèbre opération Vengeance qui attaqua le bombardier qui transportait cette personnalité importante de l’armée impériale. Une action menée par les Américains qui connaissaient son déplacement dans les Îles Salomon après avoir percé les codes de transmission de l’amirauté.
Giuseppe De Luca , le dessinateur, n’est pas en reste. Il arrive à être aussi efficace (et parfois un peu moins raide) qu’Hubinon dans l’évocation des paysages du Pacifique ou de l’Ouest américain, mais surtout dans le dessin des carlingues, qui est le passage obligé si l’on veut animer une série d’aviation.
Deux artistes impeccables pour un diptyque passionnant. On a adoré.
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
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Buck Danny Origines (2 volumes) – Par Yann et Giuseppe De Luca – Ed. Dupuis