L’exposition Morris chez Huberty & Breyne est un véritable événement. D’abord parce que Morris est une légende de la BD franco-belge. Il a été peu exposé. De son vivant, il n’aimait pas sortir les originaux. Le Festival d’Angoulême, le premier, a pu montrer naguère une exposition rétrospective conséquente. C’était jusqu’ici la première et la seule.
Non marchande et en accès libre jusqu’au 27 janvier 2024, l’exposition Morris chez Huberty-Breyne est néanmoins accompagnée d’une vente aux enchères non moins exceptionnelle de dix planches originales -iconiques- le 19 décembre 2023 (mardi prochain) à Bruxelles, également organisée par Huberty & Breyne. Elle est également sur Drouot Live. On vous tiendra au courant des résultats.
Et puis il y a cet album Lucky Luke de Blutch. Là aussi, c’est l’événement. Lucky rencontre un trio d’enfants dont le père a disparu avec pas mal d’argent dans ses sacoches. La recherche du père absent est un sujet de psychanalyse, surtout quand le titre fait allusion à un film de David Miller, un western avec Kirk Douglas de 1962...
Blutch nous en parle.
Il nous parle du « mystère Morris » : « Je ne sais pas comment un dessin aussi vif, aussi rapide, elliptique, aussi bâclé par moment, garde autant de vie, de vivacité, hyper-évocateur, et qui raconte plein de choses avec des moyens vraiment très réduits. Le Mystère se joue sur ce plan-là. »
Autre énigme : comme chez Hergé, le dessin de Morris ne vieillit pas, alors que la production graphique de son époque, à quelques exceptions près, a pris un coup de vieux : « Ce sont des auteurs qui sont encore lisibles aujourd’hui par des enfants. J ’ai une fille de 9 ans et demi maintenant, et c’est une tintinophile acharnée. Et à son âge, elle reçoit les aventures de Tintin comme si c ’était conjugué au présent. Alors que les gens utilisent les téléphones fixes et les avions à hélice. C’est un monde périmé, mais pourtant, non, le dessin est encore là et toujours actuel. Chez Morris, c’est pareil, le dessin est actuel. Alors que la production de l’époque est finie… »
Il décrit les différentes périodes graphiques de Morris : « Il est plus ou moins grand [selon les époques]. Il y a des moments où c’est un type très élancé, puis des fois, il est vraiment râblé, plus petit, plus tassé. »
Il parle aussi du mystère induit par la neutralité du personnage : « Il est un peu à l ’image de son auteur, c’est le mystère de la personnalité de ce personnage qui ne se révèle jamais. On ne sait rien de lui, il n’a pas d’attachement. Il n’a pas de foyer, il n ’a pas d ’univers affectif, rien du tout. Il passe et surtout, il s’en va. Toutes les fins d’histoire… »
Découvre ce portrait passionnant de Lucky Luke par Blutch dans ce podcast.
Entretien réalisé par Charles-Louis Detournay. Montage : Marguerite Valière.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
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Photo : Charles-Louis Detournay.
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