Dilbert banni

DISGRÂCE. Vous avez certainement croisé Dilbert l’informaticien dont le regard aiguisé observe la vie de bureau depuis 1989 dans des strips quotidiens qui mettent en évidence la dimension quelquefois kaflaïenne de la vie de bureau. Il avait été publié en France successivement par First éditions, puis par Vents d’Ouest, Albin Michel et Dargaud. Il avait même fait l’objet d’une série TV.

Son auteur, Scott Adams, pouvait s’enorgueillir d’avoir vu son personnage érigé en stéréotype du monde du travail, le « Principe de Dilbert » théorisant que les dirigeants sont incompétents car ils sont incapables de faire le boulot de leurs subordonnés dont la compétence, elle, est avérée ; inversement, un employé compétent n’a aucune chance d’être promu car il est indispensable au poste qu’il occupe.

Dilbert, par Scott Adams

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Hélas, après 23 ans à faire vivre son personnage, entre chefs de services acariâtres et DRH peu empathiques, Scott Adams a atteint son propre niveau d’incompétence en commentant sur sa chaîne YouTube, le 22 février dernier, un sondage selon lequel 53% des Noirs interrogés seraient d’accord avec l’affirmation, « C’est OK d’être blanc. » Alors conclut-il, si la moitié des Noirs estiment que ce n’est pas Ok d’être blanc, « c’est que c’est un groupe haineux ». Et de conseiller à ses auditeurs blancs de s’éloigner de ces gens…

Immédiatement, plusieurs grands groupes de presse, soit environ 200 quotidiens, bientôt suivis par le propre Syndicate (distributeur de cartoons à travers les journaux) Andrews Mc Meel, le diffuseur des Peanuts et de Calvin & Hobbes, ont décidé de déréférencer sa BD. Scott Adams publie depuis quelques jours de nombreux posts cinglants à l’égard de ce qu’il appelle « The Machinery of Cancellation  », la fameuse Cancel Culture.

Aussitôt, le milliardaire Elon Musk s’est porté à son secours en affirmant que les médias qui avaient viré la BD de Scott Adams étaient eux-mêmes des « racistes anti-Blancs  », une terminologie qui ne surprend pas de la part de celui qui a pris le contrôle de Twitter.

Le dessinateur aux 916 000 followers sur Twitter et 134 000 sur YouTube où il dispense des soliloques aux accents complotistes, n’en démord pas. Refusant de s’excuser il affirme que «  tout est devenu woke  », que tout le monde dit qu’il a raison et que «  Seuls les amateurs de dopamine [drogués à "l’hormone du bonheur", en clair], les politiciens et les escrocs se plaignent. »

C’est cela, oui...

DP