C’est une des caractéristiques de la Japan Expo et de ce genre de manifestations populaires. Les jeunes gens qui défilent en bande avec une pancarte « Free Hugs » (câlins gratuits) et qui distribuent des embrassades bon enfant avec le sourire, rien que pour exprimer le plaisir d’être là.
On suppose que ce ne doit pas être toujours évident d’étreinte un Pikachu suintant ou un Devilman à l’haleine de fennec. Mais la tradition perdure et cela permet de rigoler avec les copains sans pour autant grever le portefeuille, car sur la Japan, il n’y a que ce genre de câlins qui sont gratuits...
D’autant que certains d’entre eux prennent le contrepied et en arrivent à parodier ce geste devenu presque un rituel obligé dans ce genre de manifestation. Look horrifique et sanguinolant, cosplay encombrant, ce qui est à l’origine l’expression émouvante d’une solitude urbaine devient l’occasion de blagues potaches, à la limite du happening. Certains pisse-froid s’en offusquent, tant pis pour eux !
Il s’appelle Renaud. Cela fait trois ans qu’on le voit à la sortie de la Japan avec sa pancarte. Dessus : rien. Pas de « Free Hugs », ni de « kisses », pas même de « high fives », ces checks faits entre potes heureux de leur victoire…
Pourquoi rien ? lui demande-t-on. « - Pour ne pas faire comme les autres, répond-il. Ce qui m’intéresse, c’est discuter avec les gens. Cela fait trois ans que je fais cela et j’ai déjà fait de super-rencontres… » Par Exemple ? « J’ai rencontré, il y a deux jours, un cheminot de la SNCF. Eh bien, j’ai pu rentrer à Paris en RER dans sa cabine, tout en admirant les rails avalés par la machine, alors que par ailleurs, dans le train, les wagons étaient bondés. »
C’est aussi ça, la Japan.
DP
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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