Sur le parvis de la Halle aux Grains est ainsi présentée Revoir Léa, de Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini, une histoire évoquant les thématiques du harcèlement. Dans le même temps, l’Hôtel de Ville accueille les planches originales du Théâtre d’Enzo, une bande dessinée ayant pour objectif de sensibiliser le jeune public aux enjeux de la laïcité et des particularités de la situation française concernant ces thématiques. Plusieurs de ces expositions méritent une attention toute particulière.
Tradition oblige, chaque année, en partenariat avec la ligue de l’Enseignement du Loir et Cher, les élèves des classes primaires élisent l’album de l’année. Avec le concours de BD Boum, le livre reçoit le Prix de l’Enseignement du Jeune Public, bénéficiant d’une mise en scène théâtrale et d’une exposition dans les locaux de la bibliothèque du centre ville. Cette année c’est le premier ouvrage d’Emilie Clarke, Violette et les lunettes magiques édité chez Biscoto qui a été choisi.
Très myope elle même, la jeune autrice a eu à coeur de mettre en image les mésaventures d’une fillette face aux moqueries de ses camarades de classe, d’un ophtalmo un peu loufoque, dont le quotidien va se transformer peu à peu grâce à ses mystérieuses lunettes. Mélange d’humour et de fantaisie cet album a recueilli les suffrages de plusieurs classes des 6 - 10 ans du département.
La magnifique scénographie adoptée par les équipes de BD Boum invite donc les jeunes lecteurs (mais pas seulement !) à pénétrer dans l’univers de Violette tout en proposant d’admirer les originaux et les travaux préparatoires d’Emilie Clarke.
Derrière des couleurs détonantes et des ambiances de cours de récré le visiteur est invité aussi à réfléchir sur l’acceptation de la différence, le besoin de reconnaissance et d’affirmation de soi, autant de valeurs partagées par la Ligue de l’Enseignement et BD Boum.
L’exposition est visible jusqu’au 14 décembre à l’espace jeunesse de la bibliothèque Abbé-Grégoire de Blois.
Renforcé par sa présence dans la shortlist du Prix jeunesse de l’ACBD, Ana et l’entremonde (Glénat) s’expose, cette année à BD Boum.
Deuxième exposition, déjà, pour l’ouvrage sorti en septembre. Après une expo-vente chez Achetez de l’Art, la scénographie minimaliste de celle qui nous concerne, se concentre sur la mise en avant des planches originales de Cy et ainsi découvrir les couleurs directes de cette aventure fantastique et familiale.
Pour voyager dans et se familiariser avec le bestiaire merveilleux de l’entremonde, c’est à la bibliothèque Abbée Grégoire que ça se passe, jusqu’au 7 janvier 2023, juste avant d’enchainer avec Angoulême.
Depuis le 4 octobre et jusqu’au 11 décembre est abritée dans les murs du Centre de la Résistance, de la Déportation et de la Mémoire une exposition aussi intéressante que réussie. Elle est consacrée à la représentation de la guerre sans nom et présente l’évolution du traitement que réserva le neuvième art à la guerre d’Algérie de 1962 à 2022.
Un soin particulier a été porté à la scénographie, avec l’insertion de vidéos, de musiques, mais aussi la reproduction de pièces rappelant l’Algérie française : une salle de classe, un salon de pieds-noirs, etc. L’exposition commence par une analyse chronologique de l’ensemble du corpus, ponctuée par des faits politiques liés à la guerre d’Algérie, ce qui est très utile, notamment pour le public scolaire venu nombreux admirer cette exposition qui trouve une résonance particulière avec les programmes du secondaire, notamment autour de la question des mémoires (le pluriel est d’importance) de la guerre d’Algérie.
Le commissaire de l’exposition, Luc Révillon, qui vient de publier aux éditions PLG Algérie 54-62, La guerre fantôme dans la bande dessinée francophone, le premier ouvrage de synthèse sur la question, a réussi à réunir une extraordinaire quantité de planches originales. Toutes les œuvres majeures sont représentées : on pense bien évidemment à l’auteur marquant qu’est Jacques Ferrandez, mais aussi à Azrayen’, de Lax et Giroud, à Là-bas, de Tronchet et Sibran, etc.
Ces originaux sont magnifiés par des textes historiques expliquant de manière très claire les principaux enjeux du conflit : le contexte politique des évènements, le lien entre histoire et mémoires, le sort réservé aux populations civiles, la place des femmes, les questions de violence extrême (torture et terrorisme).
Enfin, cette nouvelle édition fait aussi la part belle aux pirates. Depuis quelques temps, flibustiers et corsaires font un retour remarqué dans les bacs et le festival blésois s’en fait l’écho, cette année à travers plusieurs actions.
Tradition oblige, l’escalier Denis Papin, carrefour incontournable des Blésois se pare des couleurs de la série Jim Hawkins. Fort du succès public (et critique) de la trilogie de Sébastien Vastra, publiée chez Ankama, cette adaptation libre et anthropomorphique de l’île au Trésor fait l’objet d’une grande exposition au rez de chaussée de la Halle aux Grains, lieu central du festival.
À l’étage du bâtiment, c’est le travail de Mathieu Lauffray qui est à l’honneur. Après avoir lui aussi « détourné » l’œuvre de Stevenson avec la série Long John Silver, suite personnelle du célèbre roman, l’auteur s’est lancé dans un nouveau projet avec Raven publié chez Dargaud. Une généreuse présentation des planches originales du travail de ce dessinateur transporteront les visiteurs dans de trépidantes aventures maritimes.
Les pirates sont également présents à travers d’autres animations notamment par de nombreuses propositions d’ateliers pour les plus jeunes à la Maison de la BD.
Les plus grands pourront eux apprécier la très érudite conférence de Maria Enriquez sur l’influence du roman de Robert Louis Stevenson et ses nombreuses déclinaisons en bande dessinée.
Des pirates à la guerre d’Algérie, de questions sociales difficiles à des thématiques plus légères, il y en a pour tous les goûts aux quatre coins de la cité blésoise, pour les grands comme pour les plus jeunes !
(par Tristan MARTINE)
(par Patrice Gentilhomme)
(par Kelian NGUYEN)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Photos : Tristan Martine, Patrice Gentilhomme