Décès de Frédéric Mitterrand : un ministre primé à Angoulême

FAUVE D’HONNEUR. L’ancien ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy aimait la bande dessinée. Du Salon du Livre au Festival d’Angoulême, il l’avait toujours ardemment soutenue. Au point d’être le seul ministre, à notre connaissance, à avoir reçu un Fauve d’Honneur qui trônait en majesté dans son bureau de la Rue de Valois.

2010. C’était une année faste comme on n’en verra sans doute plus avant longtemps en Charente : Blutch, 37e président de l’Académie des Grands Prix l’année précédente, en maître de cérémonie, avec strass et filles à demi-nues, comme au Lido. Baru Grand Prix. Riad Sattouf, Fauve d’or pour Pascal Brutal publié chez Fluide Glacial. Fluide Glacial, primé ? On rêve ! Franck Bondoux venait d’être nommé directeur délégué deux ans plus tôt et le jeune et fringant Benoît Mouchart, qui n’était pas encore le directeur éditorial de Casterman, en assurait la programmation.

Une remise de prix au faste inédit avec Blutch comme Monsieur Loyal

C’était une année très politique : l’association du festival avait nommé Denis Olivennes à sa direction, rien moins que le directeur du Nouvel Observateur (Obs, depuis), auteur d’un rapport sur le numérique pour Nicolas Sarkozy ! Olivennes est aujourd’hui président du groupe Editis… Ceci dans le contexte des régionales qui avaient lieu cette année-là dans un secteur dominé par les amis de Ségolène Royal, tandis que le tout nouveau Musée de la bande dessinée, voulu par l’oncle du ministre de la Culture en exercice, vivait les premiers mois de son existence.

Un palmarès qui, à l’époque, conciliait les anciens et les modernes, avec Frédéric Mitterrand en majesté

Un ministre de la Culture bien entouré, sinon chouchouté, par les huiles du festival. Tout le monde est de bonne humeur et, sans doute en remerciement pour son soutien public au festival alors en pleine crise, à la surprise générale, le ministre reçoit un Fauve d’Honneur. L’opération fait grincer les dents chez certains : un Fauve d’honneur à un ministre de François Fillon et Nicolas Sarkozy ? Comme à Sempé cette année-là, comme à Otomo ?

Certes, mais le moins que l’on puisse dire, si l’on compare cette cérémonie à celle du Grand Prix accordé cette année à Posy Simmonds et remis littéralement dans un hall de gare, les temps ont bien changé…

DP

Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)