UNE VALSE HÉSITATION ENTRE HOMMAGE, FICTION, RÊVE ET CAUCHEMAR. Soyons honnêtes : si vous ne connaissez ni Maria Callas, ni Pier Paolo Pasolini ou juste vaguement de nom sans savoir ce qu’ils ont réalisé chacun dans leur domaine, ou encore si le cinéma et l’opéra ne vous intéressent pas, l’entrée dans ce roman graphique va être compliquée.
Jean Dufaux et Sara Briotti ont en effet pris le parti de s’intéresser à un infime moment des vies et des carrières de la cantatrice la plus célèbre du monde et du réalisateur et artiste engagé aux multiples facettes. Le tournage du film Médée qui les a réunis en 1969 et est censé servir de catalyseur à l’intrigue apparaît finalement très peu dans l’ouvrage.
L’accent est davantage mis sur leur voyage au Brésil. Il apparaît assez vite que lors de ce séjour, La Callas est abandonnée à sa solitude par un Pasolini bien plus occupé à soigner ses blessures de cœur dans les bras d’un jeune Brésilien issu des favelas les plus dangereuses de Rio. L’argent, le pouvoir, l’amour et la violence se mêlent pour créer une ambiance de lecture assez malsaine, à peine contrebalancée par la beauté et la finesse du dessin de Sara Briotti. Si La Callas arrive à nous séduire par sa simplicité et sa fragilité, Pasolini est à l’inverse froid, presque méprisant, persuadé que l’argent peut tout et qu’il est invincible.
L’idée de départ d’une relation amoureuse entre un homosexuel assumé et une cantatrice malheureuse tient donc sur un fil ténu puisque non seulement les deux héros partagent peu de scènes mais en plus, la fin proposée coupe net le fil en question. On ressort donc de cette lecture avec l’impression d’avoir lu un rêve visuellement magnifique mais décousu et glaçant, à la limite de l’incompréhensible et du malsain.
GBé
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