REQUIEM. L’album sort au moment Salah Abdeslam passe en jugement pour les attentats du 13 novembre 2015. Il met bien en perspective l’utilité d’un tel procès : nous sommes ici dans une bande dessinée qui rend hommage à l’officier de gendarmerie Arnaud Beltrame assassiné par Radouane Lakdim, un tueur qui avait décidé de faire une réplique des actions terroristes de Paris. Entre la réalité du petit truand en procès aujourd’hui et cet autre petit malfrat cherchant à se « sacrifier pour le califat », en réalité parce qu’il n’a pas pu se rendre en Syrie pour y jouer les caïds, il y a un véritable héros, un gendarme qui proposa de s’échanger contre une otage, en dépit d’une carrière militaire couverte d’honneurs et qui l’avait amené jusqu’aux services de protection de l’Élysée.
Il est bien que ce genre de bande dessinée incarne un personnage qui, à défaut, serait un nom perdu sur une trop longue liste de combattants qui se sont sacrifiés pour notre liberté. Arnaud Delalande et Laurent Bidot ont fait le job : l’album est sérieusement documenté et le parcours du militaire, de sa vocation première jusqu’à son dernier fait d’arme, nous le rend crédible et sympathique. Vivant à tout dire. Bravo, donc.
On regrette cependant cette volonté d’en faire une grande figure catholique dont le sacrifice est le produit de la foi. Comme gendarme, comme soldat, il était l’incarnation des valeurs de la République, laïque et indivisible et non pas un quelconque spadassin de la chrétienté qui le transformerait en martyr avec la bénédiction du pape. Qu’il se soit sacrifié pour la patrie, cela nous semble bien assez. Son beau geste n’a pas besoin, à notre sens, de cette ornementation saint-sulpicienne parfaitement inappropriée.
DP
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