DIALOGUE IMAGÉ. Anita Conti (1899-1997) a été la première femme océanographe française, établissant les premières cartes de pêche, se battant ensuite pour que l’on pêche de façon scientifique, responsable et rationnelle en vue de préserver les espèces. La marraine de l’Estran Cité de la mer situé à Dieppe était aussi une très grande photographe capable de saisir l’instant. La liberté jusqu’au bout de l’horizon, littéralement « une ligne de fuite » au gré du vent, le regard subjugué par l’immensité de la mer et par la beauté de la nature sont des sentiments que partage Loustal. Quand il voit les photos d’Anita Conti, le dessinateur pose sur elles un regard concerné.
On débat souvent dans nos forums sur la question du dessin « d’après photo », d’aucuns stigmatisant la servilité de certains dessinateurs par rapport à l’image d’origine. On serait surpris d’apprendre que Loustal utilise la photo lui-aussi. Mais d’une façon particulière : souvent il la projette et la « croque » comme il le ferait sur le vif, ce qui lui permet de s’approprier du sujet sans être prisonnier de l’objectif.
Ainsi, sollicité par la Galerie Vu, redessine-t-il en toute décontraction les images d’Anita Conti : de la photographe, on reconnaît le sujet, mais à l’arrivée Loustal s’en approprie, jetant sur lui un nouveau regard, une nouvelle objectivité. L’ouvrage alterne des clichés de la photographe avec des dessins qui en sont inspirés, pas forcément en confrontation.
Un dialogue s’installe où il est question de rythme, d’espace, de contemplation, de beauté. Joli livre.
DP
© Loustal / Locus Solus
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