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Décès de Julie Strain, égérie des illustrateurs de Fantasy ou de SF et icône du magazine Heavy Metal.

23 janvier 2021 8 Commentaires
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GUERRIÈRE DE LÉGENDE. C’était le reine des films de séries B, la Betty Page des univers de la Fantasy et de la science-fiction, la Marilyn des histoires de genres, dits mauvais : l’iconique Julie Strain, figure incontournable de magazine Heavy Métal, nous a quittés le 10 janvier. Elle avait 58 ans.

Actrice et modèle perchée sur des jambes interminables, armée d’une personnalité hors-norme et d’un humour ravageur, Julie Strain revendiquait son titre de « Reine des films de séries B ». Elle avait tourné plus de cent de ces nanars aux budgets riquiqui et aux costumes presque aussi ajourés que les scénarios sensés les soutenir.

Poseuse et nullement dupe, Julie Strain était très à l’aise dans ces univers grotesques et bling bling qu’elle aimait tant. Un statut d’icône de genres "honteux", parfaitement endossé. Et aujourd’hui plus que jamais précieux dans le paysage, quand un autre genre d’ordre, moral celui-là, fait un retour en force, sous des atours aguicheurs et le séduisant masque du progrès.

Décès de Julie Strain, égérie des illustrateurs de Fantasy ou de SF et icône du magazine Heavy Metal.
Un regard tranchant pour la guerrière Julie Strain, et un ostentatoire goût pour les trophées.
© Simon Bisley

L’incontournable Julie Strain était devenue le modèle favori de nombreux artistes : de la bande dessinée, des figurines de collection, de l’illustration, comme Simon Bisley, Joe Jusko, Boris Vallejo, Milo Manara, Luis Royo, Olivia de Berardinis .... Du pain béni pour le magazine Heavy Metal, appendice américain du mensuel Métal Hurlant qui, très vite, prit son autonomie.

Investissement et créativité, expressivité : Julie Strain un modèle...modèle, nous dit Olivia de Berardinis.
© Olivia de Berardinis
Marilyn Monroe, Betty Page, Julie Strain : l’illustratrice Olivia de Berardinis sait de toute évidence choisir ses modèles, parmi les icônes emblématiques du genre.
© Olivia de Berardinis

Ainsi, la brune Julie est devenue un personnage à part entière du mag. Elle a joué le rôle principal dans le film d’animation Heavy Metal 2000 où elle a aussi prêté sa voix, et a servi de modèle de base pour le jeu vidéo du Heavy Metal : FAKK².

Familière des convention de BD aux USA, où sa stature et sa mise en scène étudiée impressionnaient les fans, intimidés et prostrés, Julie Strain a épousé en 1995 Kevin Eastman, co-créateur des Tortues Ninja et propriétaire à l’époque de Heavy Metal. Ils ont eu un fils, Shane. Le couple a divorcé en 2006.

Kevin Eastman, co-créateur avec Peter Laird des Tortues Ninja, et Julie Strain.
Photo : DR

Mais Il a été révélé en 2018 que Julie souffrait de démence dégénérative, liée à un traumatisme crânien résultant d’une blessure à la tête qu’elle avait subie après une chute de cheval à ses 20 ans. Accident qui l’a accablée d’une forme d’amnésie rétrograde, qui a effacé une grande partie de ses souvenirs de jeunesse. 

 

Pour l’histoire spéciale "Bodycount", Simon Bisley prouve avec sa version dessinée de Julie Strain que les Tortues Ninja ne sont pas, à la base, destinées aux enfants.
© Simon Bisley, Laird, Eastman

Pas très glorieux : en janvier 2020, son décès avait été annoncé par erreur. Bien sûr l’annonce a été rapidement rétractée, mais voilà que presque un an jour pour jour après cette nouvelle erronée et, par une triste tournure du destin, la guerrière Julie, à jamais icône des mauvais genres, disparaît. 

Cette fois l’illustratrice Olivia de Berardinis->https://www.instagram.com/p/CJ3_l-LrVYQ/], proche de Strain, et le magazine Heavy Metal ont confirmé son décès, dans des messages sur les réseaux sociaux.

Heavy Metal a écrit : " Nous sommes attristés de signaler un décès dans la famille Heavy Metal : Julie Strain a perdu son combat contre la démence dégénérative dimanche. Elle était une présence régulière dans Heavy Metal dans les années 1990 [...]. Elle était une reine-guerrière glamazone, elle était notre Taarna (emblème féminin du premier film Heavy Metal de 1981) des années 1990, elle était unique en son genre. Elle était l’une des nôtres."

Taarna et Julie Strain.
© Heavy Metal

Particulièrement poignant, le dernier compagnon de Julie, Dave Gram, qui a pris soin d’elle pendant ses dernières années, avait prévenu les fans en novembre 2018 : « Julie dit bonjour et envoie à tout le monde son amour. Je suis désolé d’annoncer que Julie est actuellement en mauvaise santé en raison d’une lésion cérébrale traumatique qu’elle a subie dans ses vingt ans. Les blessures au cerveau peuvent causer des difficultés cognitives plus tard dans la vie, et Julie connaît actuellement ces types de problèmes…. Elle continue d’être une personne très gentille avec un cœur très spécial et ça lui manque d’interagir avec vous tous. »

Il poursuit :« Sachez que la démence est une maladie imprévisible. Je savais très peu de choses sur cette maladie jusqu’à ce que Julie en soit frappée. Il y a des moments où son état m’a effrayé à mort. D’autres fois, j’ai de l’espoir. Comme pour toute maladie, nous sommes dans une certaine mesure impuissants. Le fait que nous ayons la maladie ne peut pas être changé. La façon dont nous gérons cela est quelque chose sur laquelle nous avons un certain contrôle (les émotions sont difficiles à contrôler). Et la façon dont nous gérons la maladie est en grande partie liée aux personnes qui nous soutiennent. Vous, amis et proches de Julie, êtes absolument les meilleurs. »

Toujours attentionné, il précise : « Julie continue d’être drôle et divertissante par moments. D’autres fois, elle est dans une confusion totale et a besoin de médicaments. Il existe des modèles de comportement, mais ce ne sont pas des modèles fixes. Mon travail consiste à garder Julie heureuse et à l’aise et à rechercher toutes les manières possibles de l’aider. Les blessures cérébrales ne sont PAS bonnes [...]. Je suis conduit aux larmes chaque jour en regardant cette femme merveilleuse être affligée par cette terrible maladie. Je lui ai lu tous les messages sur son Facebook, même ce post. Chaque fois que j’écris et lis, je dois m’arrêter car les larmes remplissent mes yeux. Cette maladie est parfois appelée « le long au revoir » ; Je comprends cela complètement.. »

La combattante Julie par Boris Vallejo et Julie Bell.
© Boris Valejo, Julie Bell.

Mais l’état de Julie empirait...« Les soins de Julie à domicile sont devenus plus intensifs en raison des complications de la démence, et elle entre dans la phase finale. Actuellement, elle est à l’hôpital et doit rentrer chez elle cette semaine. Son état continue de s’aggraver, et encore une fois, je vous fais savoir que son temps ici sur Terre est limité.
Elle retournera à la maison, espérons-le cette semaine, pour les soins palliatifs une fois de plus. Je ne crois pas qu’elle sera retirée de l’hôpital à l’avenir. Tout mon temps est consacré à la sécurité des soins de Julie. S’il vous plaît, soyez respectueux envers Julie sur Facebook et comprenez que sa vie se termine.
 »

L’illustrateur britannique Simon Bisley adore la dessiner, et Julie strain adorait qu’il la dessine.
© Simon Bisley

La guerrière Julie Strain a encore tenu deux ans, avant de céder dans la nuit du dimanche 10 janvier dernier, tandis que Dave Gram lui tenait la main. Peu importe, dorénavant source d’inspiration majeure pour les créateurs de tous genres et de toutes générations, comme Betty Page et Marilyn Monroe dans leurs domaines, la reine des mauvais genres Julie Strain est désormais immortelle ! 

Avec elle c’était couru d’avance.

PA

Denis Sire lui avait rendu hommage.
© Denis Sire
Milo Manara ne pouvait qu’être lui aussi inspiré.
© Milo Manara

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