EMMANUEL GUIBERT, on connaît, croit-on. Il est le coauteur, avec Frédéric Lemercier, du très célébré Le Photographe mais aussi de la non moins célèbre trilogie sur Alan Ingram Cope, bandes dessinées qui lui ont valu le Grand Prix du Festival International de la BD d’Angoulême en 2017.
Certains ont cependant un peu tendance à oublier son importante contribution à la BD jeunesse (plus d’une vingtaine de Sardines de l’espace avec Joann Sfar et Mathieu Sapin et pas loin de trente volumes de la série Ariol avec Marc Boutavant chez BD Kids), mais aussi sa conséquente production artistique et graphique dont la qualité justifie amplement son élection à l’Académie des Beaux-Arts dans la section gravure et dessin en janvier 2023.
Sa collection Légendes (chez Aire Libre / Dupuis) en fait partie. Ce troisième volume d’une série de dessins libres issus de ses carnets de croquis s’intitule La Mer à la campagne. Il compile anciens (parus chez Futuropolis) et nouveaux dessins de l’artiste. Il s’intéresse à ce coin en limite du Pays de Caux, vieille terre gallo-romaine, qui s’étend jusqu’à Dieppe et aux vallées de la Scie et de l’Arques, sur la Côte d’albâtre.
Les paysages et les lumières y sont exceptionnels, attirant les peintres les plus divers, de Turner à Delacroix, de Gauguin et Pissaro à Renoir, de Jacques-Emile Blanche à Félix Valloton et Georges Braque.
Emmanuel Guibert s’inscrit, avec ce petit livre, dans cette tradition, parcourant la campagne à vélo, discutant avec les badauds de passage le regardant dessiner, s’intéressant à eux avec son empathie coutumière. Cela donne une suite d’illustrations sublimes aux expérimentations graphiques audacieuses, entrecoupées de petites observations et d’anecdotes, textes aux qualités littéraires remarquables.
Un petit livre précieux que vous risquez de ne pas voir dans les étals de votre libraire mais qui mérite le détour.
DP
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