Actualité

Heavy Metal 300 sortira en juillet.

16 mai 2020 Commenter
🛒 Acheter

ANNIVERSAIRE. Heavy Metal, c’est la version US de la revue Métal Hurlant. Mais elle a vite échappé à l’influence de cette dernière pour prendre son autonomie, au grand dam de Jean-Pierre Dionnet, l’un des fondateurs du journal et grand timonier, qui s’est vite vu débordé.

Notamment par les initiatives du concurrent catalan et fer de lance de l’agence artistique Selecciones Illustradas, l’opiniâtre Josep Toutain, prompt à placer ses (talentueux) poulains auprès de la rédaction américaine, pour ce qui ressemblera à une véritable rivalité économique, et surtout esthétique. L’identité latine d’Espagnols biberonnés aux comic strips et aux EC Comics, enthousiastes à l’idée de renverser la table, un œil posé sur les comic books, l’illustration et l’Underground face à des franco-belges en goguette a été pour tous un choc d’influence, même s’ils avaient malgré tout beaucoup de points en commun.

Heavy Metal 300 sortira en juillet.
Métal Hurlant n°1 (couverture Moebius), décembre 1974 et Heavy Metal n°1 (couverture Nicollet), avril 1977.

Sur son blog L’Ange du Bizarre, Dionnet se rappelle de cette querelle maintenant bien lointaine, un témoignage intéressant : ”Faites attention à ce que je vais dire, car à un moment, cette maison, (Selecciones Illustradas), faite par une bande de copains, tout comme j’allais avec une bande de copains participer fugacement à « L’Écho des Savanes » puis au lancement de « Métal Hurlant », fut mon ennemi.

Eux aussi, voulaient envahir le monde entier, sortir d’Espagne. La raison était essentiellement économique. La raison, pour moi, était hégémonique, mégalomaniaque. Ayant été conquis par l’Amérique, je voulais conquérir l’Amérique à mon tour et quand arriva « Heavy Metal », assez vite, Toutain qui était malin, commença à leur vendre des planches.

Au début, Heavy Metal c’était du pur Métal Hurlant , puis en cours de route, les rédacteurs en chef changeant, il y en eu certains qui se dirent que tant qu’à faire, si on payait les planches un peu moins cher ça serait mieux.

Moins remonté, il rajoute : "Il y en eu d’ailleurs d’excellents qui venaient d’Espagne, mais ce n’était plus mon « Métal Hurlant » et j’en ai voulu à Toutain. Mais d’un autre côté, quelques années avant, quand j’étais encore en train de me construire, j’allais souvent en Espagne et j’étais fasciné par les travaux par exemple de Juan Gimenez. [...] Il fut un moment un maître d’une science fiction ludique et très mode qui m’enchanta. Je me rends compte maintenant que j’avais tort d’en vouloir à Toutain, il défendait son épicerie et moi la mienne. Mais fin de l’aparté, je vais essayer d’oublier cette guéguerre qui maintenant me semble si lointaine.”

La renaissance prochaine du mythique magazine pourrait bien lui redonner le sourire., même s’il n’y collabore pas.

Peu importe en effet, comme Métal Hurlant, Heavy Metal fera le bonheur des amateurs de science-fiction, de Fantasy, de rock et de fantastique, au tournant des années 1970 et 1980. Et bien après, pour la version américaine.

Si bien qu’Heavy Metal se prépare à sortir son numéro 300, en juillet 2020. Un vrai feu d’artifice est annoncé pour ce bel anniversaire, pour un journal qui a aussi connu, comme Métal Hurlant, une jolie série de soubresauts éditoriaux dans son histoire. Mais qui ne sont pas parvenus à doucher l’enthousiasme de tous les protagonistes en place. D’ailleurs même l’actuelle pandémie du coronavirus ne semble y parvenir, "on va de l’avant" promet Matt Medney, le PDG du magazine depuis décembre 2019. Bel exemple, non ? D’autant qu’à l’occasion, une "bordée ininterrompue" de nouveaux talents est annoncée !

Bien sûr, ce numéro devait sortir la même semaine que le Comic-Con de San Diego 2020, un des rares événements de divertissement qui était encore au programme malgré la pandémie, ce qui restait un pari, à demi perdu, puisque on sait maintenant que la manifestation est annulée, même si sous appellation : "Comic Con at Home" (le Comic Con à la maison), un événement de substitution intégralement en ligne, est annoncé en remplacement provisoire.

Une convention sans embouteillages plaisantent les organisateurs.

"Nous ne nous retenons pas", déclare alors un Medney insubmersible "C’est à toute vapeur, de notre point de vue", ajoutant avec emphase : "Ce qu’on prépare va faire fondre le cerveau des gens" !

Voilà qui promet, le Covid-19 n’a qu’a bien se tenir, au large, les pages grouillantes de créatures improbables de la revue l’attendent de pied ferme, les lecteurs aussi !

En attendant voici la couverture de ce numéro 300 ! Elle est superbe, telle une sculpture de Benjamin Victor, signée par l’artiste Claudia Ianniciello, qui se plaît tout autant à faire vibrer la figure féminine. Là, elle met en scène la célèbre Taarna, la guerrière taarakienne qui a fait ses débuts, remarqués, dans le film d’animation Heavy Metal de 1981.

"Cette couverture ne symbolise pas seulement une nouvelle ère pour Taarna, c’est une nouvelle ère pour le Heavy Metal", a déclaré Medney au site Syfy Wire. "Notre équipe est tout simplement le groupe le plus passionné d’experts et d’amoureux du genre que j’ai jamais eu le plaisir de côtoyer, et ainsi, ils amènent avec eux des artistes incroyables, comme Claudia. Nous palpitons d’excitation pour ce qui va être fait dans les mois à venir. Personnellement, je ne peux pas attendre, pour que tout le monde voit ce que nous réservons. " Meilleure preuve de ce dynamisme tonitruant, qui n’est pas que de façade comme souvent les annonces de l’éditorial ou des auteurs aux USA : le magazine passera en septembre de bimestriel à mensuel !

« Nouveaux talents », disions-nous ? Oui, par exemple avec Brendan Columbus, fils du réalisateur Chris Columbus (Harry Potter, Gremlins... ) qui fait ses débuts en collaboration avec le dessinateur Al Barrionuevo avec le comics Savage Circus.

Le scénariste Brendan Columbus et le PDG de Heavy Metal Matt Medney.
Photos : DR

L’histoire d’une petite ville minière fictive de l’Ohio, Basin Bay, attaquée par les animaux les plus dangereux du monde. Juste après que le train qui achemine un cirque transportant une ménagerie féroce s’est renversé sur la seule route pour entrer ou sortir, après un accident avec une voiture blindée volée. Une histoire entre fantastique et horreur, fidèle à l’esprit du magazine, qui tourne autour des codes de la science-fiction qui remontent aux années 1970/80, entre testostérone et féminité exacerbées, célébration des corps et des consciences, libération sexuelle, loin de toute pesanteur moralisatrice.

La première partie de Savage Circus sera présentée dans le numéro 300 et se poursuivra jusqu’au numéro 309, avant d’être compilée dans un album au format roman graphique. Avec l’idée de sortir le livre pour la convention San Diego Comic-Con 2021, que tout le monde souhaite confirmée, loin de toute crise, sanitaire ou autre. Pour, si tout va bien, faire office de support en tant que concept-art, alors que l’éditorial de Heavy Metal et le scénariste ont pour objectif une adaptation en film.

Une habitude pour la revue cette diversification vers d’autres médiums, avec le film d’animation pour adulte de 1981 qui avait connu un certain succès, quand celui sorti dans les année 2000, sous la houlette de Kevin Eastman, alors propriétaire du magazine et richissime cocréateur des Ninja Turtles, était passé plus inaperçu, tandis que les jeux vidéo qui ont accompagné l’aventure ont diversement été accueillis.

L’esprit d’entreprise n’est pas toujours couronné de succès, mais il est toujours apprécié par les fans.

PA

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.


🛒 Acheter

Code EAN :

 
Participez à la discussion
1 Message :
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD