« Une Éducation orientale » de Charles Berbérian (Casterman), Prix Wolinski de la BD du Point 2023

Certainement l’un des meilleurs albums de Charles Berberian.
La narration biographique est très intelligente, un mélange très subtil entre le présent, les souvenirs, les flasbacks et des éclairages historiques. C’est doux-amer, et très fin dans le regard que porte l’auteur révélé en France mais pétri d’un autre pays dans son enfance.

Le dessin oscille entre la sensualité que l’on a déjà vue dans ses ouvrages récents, mais également de l’acidité qui évoque les grands illustrateurs anglo-saxons comme Steadman, et des aquarelles très denses et pourtant lumineuses (très bien mis en valeur dans le choix du papier).
Il y a beaucoup de biographies en BD, à l’instar de Sattouf, Berberian expose une part de son enfance sans nombrilisme, avec un hommage discret et tendre envers son frère réalisateur. Lorsque ce sont des enfances bousculées mais riches, c’est plus intéressant que pour d’autres biographies BD pas toujours indispensables de mon point de vue.

Cet album ne va offrir de solution aux conflits qui émaillent le Liban, mais porte un regard plein de tendresse sur cette "éducation orientale" qui a façonné l’homme et l’artiste que l’on connaît (ou que l’on croyait connaître ?) depuis Fluide.

J’ai beaucoup aimé "The Fabelmans", il a fallu que Spielberg ait 77 ans pour raconter avec talent son enfance, sa famille, et là aussi je pense que si c’est album est si réussi, c’est qu’il a du murir longtemps, certainement avec pudeur, dans la boîte de crayons de l’auteur.
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