DISPARITION. Nous l’avions interviewé en mars dernier sur ActuaBD.com. II était une des victimes du Bataclan. Il en avait réchappé, vivant mais pas indemne. Il avait décidé de témoigner par le dessin, notamment dans son album Mon Bataclan (Lemieux éditeur) puis auprès de classes dans les écoles. Il collaborait à un projet de Musée-mémorial du terrorisme qui devrait ouvrir ses portes en 2027. Il vient de mettre fin à ses jours.
« L’attentat a été pour moi comme un venin injecté dans mon corps par la morsure d’un serpent. Je travaillais dans le monde médical et je connaissais parfaitement le mal qui peut s’insérer au plus profond de nos cellules. Certaines d’entre elles sont parfois dissimulées dans les endroits les plus inaccessibles de notre corps, là où les médicaments ont du mal à agir. C’est comme cela que je ressens les évènements qui se sont produits le 13 novembre… »
C’est par ces mots qu’il témoignait auprès des collégiens, comme l’avait fait avant lui Primo Levi, rescapé d’Auschwitz, l’auteur de Si c’est un homme, qui avait lui aussi décidé de se supprimer. Le venin a fait son effet, et c’est un choc.
Il reste cette bande dessinée, d’autant plus précieuse qu’il était bon dessinateur et bon narrateur.
« ….Plus de huit ans après, tu n’as pas pu tenir, dit sur sa page facebook son ami l’historien Denis Peschanski. Tu semblais pourtant avoir trouvé une voie et une voix : l’art. Mais l’art n’a pas suffi face aux horreurs du monde. Nous avions besoin de toi, Fred. D’abord Marianne et les enfants, mais aussi toute la communauté du 13 novembre. Tu restes une figure si attachante, toi le géant bourru plein d’humour. Tous les ans, devant la mairie du XIe, tu sortais ta fiole quand cela devenait un peu compliqué émotionnellement et, à mon souvenir, ce n’était pas vraiment de l’eau. J’avais très vite découvert ta première BD, "Mon Bataclan". Le choc. Lisez son œuvre, ce sera un juste hommage. Je ne pense pas qu’on puisse te trouver quelque part, maintenant, et j’ai l’impression que tu partagerais mon avis. Mais c’est faux. Tu es dans nos cœurs. Et tu nous as aidés à réfléchir. Je t’embrasse si fort mon ami. »
DP
Photo : Romain Blandre
Voir en ligne : LIRE L’HOMMAGE D’ACTUABD À FRED DEWILDE
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
