ON STAGE. L’adaptation en graphique de l’ouvrage de référence sur l’Apollo Theater et son siècle d’histoire. Intéressant mais très spécifique et peu digeste.
Publié pour la première fois en 1983 par Ted Fox lui-même sous forme d’essai, Show time at the Apollo. The Story of Harlem’s World Famous Theater est décrit comme l’ouvrage de référence sur le célèbre théâtre Apollo qui accueille depuis 1914 la fine fleur des artistes afro-américains à Harlem, dans la banlieue de New York. Que ce soit pour de la musique ou du stand up, l’Apollo a su résister à plusieurs crises économiques, sociales et culturelles et s’adapter à de nombreuses évolutions technologiques en gardant son identité de salle au public exigeant qui peut lancer ou faire choir n’importe quel artiste, femme ou homme.
C’est cette histoire que Ted Fox, secondé par James Otis Smith au dessin, a souhaité présenter sous le format plus accessible du roman graphique. Le problème est que cela nécessite d’alléger une partie du texte d’origine pour le rendre plus digeste. Or, les 234 pages de l’ouvrage sont très chargées en informations présentées sous différents formats, ce qui rend la lecture des planches complexe et malaisée. Des interviews se mêlent à des anecdotes et des articles de journaux et les très nombreux noms cités, plus ou moins connus, d’artistes ou de propriétaires du théâtre, finissent par perdre le lecteur sur ce pan déjà bien spécifique de la culture afro-américaine.
Le choix de la trichromie noir/blanc/bleu ajoute à la confusion de l’esprit la monotonie du regard, bien loin des promesses offertes par les couleurs explosives de la couverture. À cela s’ajoute un net déséquilibre dans le traitement des différentes périodes de l’Apollo, l’accent étant clairement mis sur l’époque faste qui s’arrête à la fin des années 1970. Huit chapitres sont consacrés à cet âge d’or et à ses difficultés mais les quatre décennies qui se sont écoulées depuis n’ont droit qu’aux dix pages de l’épilogue.
Si l’on peut mettre ce décalage sur le compte de la date originelle de l’essai sorti en 1983, il n’en reste pas moins qu’à l’issue de la lecture de ce roman graphique, l’Apollo apparaît comme un patriarche vieillissant, aussi craint que respecté, mais pas vraiment aimé, qui peine à trouver ses marques dans le nouveau millénaire et incarne une vision dépassée du spectacle.
GBé
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
