1932. Verdun porte encore tous les stigmates de la terrible bataille qui s’y est déroulée une quinzaine d’années auparavant. Sur cet ancien champ de bataille aujourd’hui complètement cabossé, des villages autrefois paisibles ont été rasés par les coups de boutoirs de l’artillerie française et allemande. Plus de 300000 hommes y ont perdu la vie.
Jean-François Vivier au scénario, s’est associé au dessinateur Stéphane Agosto et au coloriste Joël Costes pour livrer ce troisième tome des grandes batailles de l’histoire de France. Après Austerlitz et Bir Hakeim, c’est cette fois à la Première Guerre mondiale que se sont attaché les auteurs afin de raconter de façon très chronologique et évènementielle l’un des épisodes de violence de masse les plus célèbres du 20ème siècle.
Les auteurs cherchent à instiller un léger sentiment de révolte dans l’esprit de leurs lecteurs : comment a-t-on pu envoyer au massacre tant de jeunes hommes d’un côté comme de l’autre ? Comment cette chaire à canon a-t-elle trouvé le courage de se lancer à l’assaut sous les balles, les gaz de combats, les explosions d’obus ? Comment les dirigeants ont-ils pu ne pas voir qu’ils étaient en train de « suicider » l’Europe ?
En ouvrant l’album sur l’inauguration de l’ossuaire en 1932 et en suivant quelques anciens combattants qui racontent leur expérience de la bataille, les auteurs ont laissé beaucoup moins de place à l’héroïsme des combattants et à l’épopée militaire grandiose tels qu’on avait pu les lire dans les tomes précédents. Point ici une vraie critique de l’absurdité de la guerre et de la violence qui a tué inutilement des milliers d’hommes alors qu’on préparait un assaut dans la Somme, carnage tout aussi meurtrier. Les protagonistes de la BD, tantôt de simples soldats, tantôt d’anciens gradés plus ou moins planqués, déambulent dans les tranchées abandonnées et s’opposent parfois tout en montrant leurs blessures. Mais 1932, c’est aussi quelques mois avant l’arrivée au pouvoir d’un caporal moustachu avide de revanche pour qui la défaite allemande de 1918 n’est qu’une bataille perdue.
La bande dessinée est assez dynamique par son découpage, sa mise en forme et son scénario plutôt axé sur la prise des forts qui protégeaient Verdun, en particulier Douaumont. Le prochain tome sera-t-il consacré à une défaite de l’armée française ? Car elles font, elles aussi, partie des grandes batailles de l’histoire dont on ferait mieux de se souvenir plus souvent. Surtout dans le contexte géopolitique actuel…
RB
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