Nul doute : la qualité des dessins sert grandement le projet de Masasumi Kakizaki. Entre la finesse du design des personnages et créatures, la minutie des décors et des costumes et la vivacité des combats parfaitement mis en scène, Bestiarius a tout pour plaire et satisfaire son public. D’autant que, sur ce tome 3 entièrement consacré au sauvetage d’Elaine et qui ne nous octroie pas la moindre sortie du Cirque, le rythme s’avère haletant et la tension savamment ménagée. Et puis nous avons, bien sûr, c’est la promesse initiale du manga, notre lot de créatures hideuses et effroyables.
Mais on peut aussi émettre de sérieuses réserves quant à la caractérisation des personnages et au naturel des situations posées. Le manichéisme s’avère permanent, avec des héros très gentils et des affreux très méchants. Les péripéties tiennent ainsi avant tout à la cruauté des antagonistes, mais celle-ci est tellement affichée que le mangaka sacrifie tout effet de surprise. À l’opposé, Arthur et les siens triomphent symboliquement par leur détermination sans faille mais doivent néanmoins en appeler à des Deus ex machina un peu ternes pour s’en sortir véritablement.
Côté personnages, on peut aussi éprouver de gros regrets concernant le traitement d’Elaine, gladiatrice émérite dont les qualités de combattante sont soulignées, mais qui se voit rapidement reléguée à l’inévitable statut de princesse à secourir et réconforter. Là aussi, quel dommage.
Classique et schématique, jusqu’à l’excès, Bestiarius mise donc tout sur sa dimension graphique, plus que convaincante, et sa manière de revisiter les mythes et le folklore, même si cela passe à l’arrière-plan dans ce tome. Il s’affirme par là comme un divertissement soigné et réussi. Pour le reste, il ne faudra pas faire preuve d’un trop grand esprit critique pour pleinement goûter le titre.
Pour la suite, il nous faudra attendre un peu, la série ayant repris fin 2015 après une période de pause, passant d’un rythme hebdomadaire à mensuel. À la fin du volume, Masasumi Kakizaki évoque d’ailleurs les soucis de tendinite qui l’ont handicapé durant la prépublication.
(par Aurélien Pigeat)
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Bestiarius T1 & T2. Par Masasumi Kakizaki. Traduction Yohan Leclerc. Kazé, collection Shônen Up !. Sortie le 27 janvier 2016. 224 pages. 6,99 euros.
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