Dans ce second volume (qui n’est pas vraiment une suite puisqu’on peut le lire indépendamment du premier), Fernando, cherche, non sans mal, à retrouver Wanda la prostituée déjà croisée dans la première histoire (T1 : les mots de la nuit) à qui il a l’habitude de se confier.
Rien ne nous est dissimulé de la chute de la jeune femme dans le cycle infernal de la prostitution, décrite ici avec beaucoup de détails et de réalisme.
Fernando en-est-il amoureux ou souhaite-t-il seulement l’arracher aux griffes de ses proxénètes ? Pourquoi l’idée de retrouver Wanda le pousse-t-il à franchir toutes les limites et prendre tous les risques, lui qui n’est ni costaud, ni spécialement téméraire ?
Malgré ses efforts et les multiples péripéties qui l’emmèneront des boîtes sordides de la capitale aux hôtels chics de la côte, Fernando au bout de sa quête, ne pourra que constater l’issue tragique d’une histoire dont il a lui-même écrit le scénario !
Le récit dépasse le postulat fantastique de départ, transcende l’univers glauque du polar classique et convenu pour mieux nous faire pénétrer la complexité des sentiments des protagonistes qui subissent une histoire déjà toute tracée. Aucun personnage n’y est traité comme un « héros » mais plutôt avec un souci de réalisme, plein de nuances et d’une certaine sensibilité sans pour autant en dévoiler toutes les zones d’ombre.
Bâtir une série à partir d’un cadre aussi restrictif relevait du défi : un héros écrivain pas vraiment sexy, noyé dans un univers sombre et glauque ; très réaliste et marqué par un pessimiste désabusé… autant d’éléments qui poussaient à en rester à un « one-shot » de bonne facture et salué par la critique en son temps. Pari audacieux mais qui semble gagné avec ce second tome fidèle à l’esprit de ce qui deviendrait donc…une "série-phare" de la collection Grand Angle.
L’intrigue reste haletante de bout en bout grâce au scénario logique et bien écrit d’ Alexis Robin, et au graphisme élégant et très maîtrisé de Nathalie Berr (révélée par la Maison Dieu ) particulièrement soutenu par une mise en couleur efficace signée Christophe Lagrange.
(par Patrice Gentilhomme)
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