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1964-2024 : le 9e art... moderne au Centre Pompidou

Par Didier Pasamonik - L’Agence BD le 13 mai 2024                      Lien  
L’événement du Centre Pompidou, « La BD à tous les étages » sera, n’en pas douter, une date marquante dans la défense et l’illustration du 9e art. Que le temple de l’art moderne à Paris propose plus de 700 originaux, c’est assez vertigineux. Reste à voir quelle histoire nous est racontée…

Plus personne ne revient sur le sujet : depuis l’exposition Les Maîtres de la Bande dessinée européenne à la Bibliothèque nationale de France en 2000, l’exposition Moebius Transe-Forme à la Fondation Cartier en 2010 ou encore récemment l’exposition Marginalia au Nouveau Musée National de Monaco, le dialogue entre les grandes institutions artistiques et la bande dessinée est devenu une chose suffisamment commune pour que l’on ne soit plus étonné par un tel événement dans une telle institution. Ce n’est pas que nous soyons blasés, mais plutôt dans l’attente d’œuvres qui nous surprennent tant dans leur monstration que dans leur distinction : en clair qu’elles nous en mettent plein la vue et qu’elles nous donnent à voir quelque chose de neuf. C’est ce à quoi il faut s’attendre dans la grande expo au Centre Pompidou.

À quatre semaines de l’inauguration, on en sait un peu plus. Il y a d’abord le choix des commissaires, deux femmes : Anne Lemonnier, attachée de conservation au Musée national d’art moderne, spécialiste du dessin, autrice de l’essai La Bande Dessinée au musée, et Emmanuèle Payen, directrice du département culturel et cinéma de la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou et co-commissaire de l’exposition Hugo Pratt, une vie romanesque, mais aussi de nombreuses autres depuis plusieurs années, dont la dernière sur Posy Simmonds.

1964-2024 : le 9e art... moderne au Centre Pompidou
Une lecture moderne de la BD d’aujourd’hui
Marc-Antoine Mathieu - Julius Corentin Acquefacques, tome 4 : L’Épaisseur du miroir, 1995

L’approche est certes historique mais ne vous attendez pas à un parcours englobant la totalité du 9e art ; les commissaires ont fait leurs choix :

 celui d’aborder les trois grands territoires de création de la bande dessinée : l’Amérique, le Japon et l’Europe.

 celui de privilégier une bande dessinée contemporaine qui s’est développée à la suite des années 1960 avec la contre-culture, notamment l’Underground aux Etats-Unis, la revue Garo au Japon, ou Hara Kiri et les éditions Losfeld en France, qui s’inscrivent en précurseurs de tous les territoires explorés aujourd’hui : l’écriture intime, le reportage, le discours mémoriel…, un angle qui écarte les segments traditionnels de la librairie : l’aventure, l’humour, le polar, etc.

 celui de poser le basculement en 1964, année de la création de Barbarella publiée aux éditions Losfeld, la première BD « pour adultes » de France, mais aussi la popularisation du concept de 9e Art dans l’hebdomadaire Spirou. Le 9e, derrière le cinéma (7e art) et la télévision (8e). Un 9e art moderne…

Explorer, interroger la bande dessinée contemporaine
Blutch (Christian Hincker, dit) (1967, France) La Volupté, 2006

Le parcours correspond à un peu plus d’une dizaine de cellules avec comme fils rouges l’émotion, l’écriture de soi, la mémoire, l’approche plastique (le noir et blanc, de Muñoz et Tardi à Nina Bunjevac ou Thomas Ott), la couleur, la géométrie… Derrière ces choix, il y a le soutien de deux experts de la bande dessinée mondiale : Thierry Groensteen, spécialiste de la bande dessinée et ancien directeur du Musée de la BD d’Angoulême et Lucas Hureau, , directeur de MEL Compagnie des arts, qui gère la collection du Fonds Hélène et Edouard Leclerc, l’un des principaux prêteurs de cette « véritable traversée de l’histoire moderne et contemporaine de la bande dessinée, de l’underground aux styles contemporains les plus abstraits. » Nous les rencontrerons pour vous bientôt.

« Bande Dessinée (1964-2024) » est l’une des six expos qui occuperont le bâtiment : d’autres événements sont prévus sur lesquels nous reviendrons sous peu.

Le catalogue arrive en librairie dès le 22 mai 2024

(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782844269829

En médaillon : Moebius, "Starwatcher", 1986. © Collection privée, Courtesy MEL Publisher

Histoire France La BD à tous les étages (Pompidou)
 
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25 Messages :
  • 1964-2024 : le 9e art... moderne au Centre Pompidou
    14 mai 08:50, par Bernard Joubert

    J’espère que les cartels de l’exposition ne feront pas l’erreur (mais elle est si courante qu’on peut le craindre). Barbarella ne fut pas « la première BD "pour adultes" de France » (sous-entendu BD érotique, puisqu’il est couramment su que des bandes quotidiennes, telles que Juliette de mon cœur, paraissaient depuis longtemps déjà dans les quotidiens). Ce fut le premier ALBUM "pour adultes". Avant cela, des BD érotiques, il y en avait eu en presse, parfois déjà de Forest. (Et la censure leur était bien souvent tombée dessus, comme pour Barbarella.)

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  • Ce dessin de Jean Gir est tellement daté et démodé !
    Curieux d’avoir fait un tel choix pour la couverture d’un catalogue ou pour une affiche. On pourrait croire qu’il est question d’une exposition de BD SF de la fin des années 70.

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    • Répondu par Fonky le 15 mai à  07:29 :

      Ni daté ni démodé, du pur talent. N’importe quel jeune auteur sortirait ça aujourd’hui, il serait immédiatement signé et ferait un carton.

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      • Répondu le 15 mai à  12:15 :

        Il serait signé mais aujourd’hui c’est si facile de signer… quant à faire un carton, c’est moins évident. D’ailleurs, Moebius a peu "cartonné" de son vivant. Mais là où, je vous suis, c’est qu’il est aujourd’hui un classique, donc indémodable.

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        • Répondu par Auteur·ice le 16 mai à  11:50 :

          Il serait signé mais aujourd’hui c’est si facile de signer

          Faut arrêter avec cette légende. Moi, comme nombre de mes collègues, n’arrivons pas à faire accepter nos projets, alors même que nous avons déjà une carrière et des publications. Une des excuses que les éditeurs utilisent volontiers, c’est la volonté de "réduire la voilure"... tu parles, ils préfèrent publier des amateurs qui racontent leur "expérience de vie" (sans avoir à leur verser d’avance sur droits). De très bons auteurs se retrouvent à faire des spin-off indigents, des reprises et autres biographies à deux balles, quel gâchis.

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          • Répondu le 16 mai à  14:28 :

            Ce n’est pas incompatible avec ce que je disais. J’aurais du préciser "il est si facile de signer quand on débute". Pour un artiste expérimenté, avec un certain nombre de livres déjà parus dont aucun n’a été un grand succès, c’est beaucoup plus difficile en effet.

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            • Répondu par Auteur·ice le 16 mai à  19:20 :

              Certains ont de gros succès (10 000, 15 000 exemplaires) mais se font refuser de nouveaux livres.

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            • Répondu par Milles Sabords le 17 mai à  05:58 :

              Ce n’est pas une histoire de succès, certains de mes collègues qui ont très bien vendus, n’arrivent plus à placer leurs nouveaux projets. Débuter dans le métier ne veut pas dire non plus « contrat à la clé », les sites de financements participatifs comme les forum BD, regorgent de débutants en attente d’un éditeur. En fait, il n’y a pas de règles et tout se fait à la « tête du client ». D’accord avec la précédente personne, il y a beaucoup de gâchis et la BD devient de plus en plus une usine à produire des « manuels d’instructions » pour vulgariser des sujets, plutôt que des livres d’évasion. L’évasion on la trouve maintenant sur les réseaux sociaux, les plateformes de streaming, les jeux vidéos, mais pas dans la BD.

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              • Répondu le 17 mai à  09:17 :

                J’ai l’impression d’avoir déjà lu tout ça 1000 fois ici. Vous en avez pas marre de vous plaindre ? Y a pas que la BD dans la vie. Faites de la fiction ailleurs. D’autre part, c’est un peu normal qu’au bout d’un moment les vieux soient un peu poussés de côté pour laisser la place aux jeunes. Ça a toujours existé et dans tous les métiers. C’est la vie. Pour en revenir à la BD, c’est une industrie à but commercial et ça a toujours été le cas. Vous le saviez forcément avant de commencer. Même ma mère le savait.

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                • Répondu par Milles Sabords le 17 mai à  17:07 :

                  Ce n’est pas une histoire de « vieux » ou de « jeunes » comme dans d’autres métiers, puisque la BD est un acte artistique et créatif, quel que soit l’âge. Mais il y certaines légendes urbaines sur la profession qui méritent que l’on remette l’église au milieu du village, et détruire le statut d’auteur pour produire plus d’albums sans lendemain, n’aidera personne. Bien sûr que tout est commercial, comme votre boîte de canigou ou votre pull mohair, mais tout à une juste valeur, même la matière grise.

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                  • Répondu le 18 mai à  15:42 :

                    La matière grise ne s’améliore pas en vieillissant visiblement.

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                    • Répondu par Milles sabords le 19 mai à  19:24 :

                      Rectificatif :
                      …mais tout doit avoir une juste valeur, même la matière grise.

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                      • Répondu par jc99 le 20 mai à  09:28 :

                        Entre celui qui trouve Mœbius démodé et celui qui brandit le slogan Place aux jeunes ( c’est la vie, ha ha), on ne peut pas dire que ça vole très haut par ici.

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                        • Répondu le 20 mai à  14:41 :

                          A mon avis ce n’était pas un slogan, mais le cours naturel des choses. Mais vous avez sûrement de quoi relever le niveau ?

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                          • Répondu par Milles Sabords le 20 mai à  15:13 :

                            On verra si vous êtes toujours aussi philosophe lorsque l’on vous poussera vers la sortie en estimant que vous êtes « trop vieux »…

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                            • Répondu par Gina Vanilla le 20 mai à  19:43 :

                              Le problème n’est pas d’être vieux, mais plutôt old school", à mon avis".
                              Oui, le beau dessin académique, classique, peut aujourd’hui sembler "ringard".
                              Il y aura toujours des amateurs pour des revival de vieilles séries, sinon, proposez des parodies, des "hommages" !
                              Ou alors adoptez un pseudo et un style bien naze et rapide, et traitez de sujets à la mode, là aussi il y a un forte demande du coté de certains éditeurs !

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                              • Répondu par Milles Sabords le 21 mai à  07:17 :

                                L’édition est dans une logique de rentabilité à court terme. Peu importe votre style de dessin, de scénario ou votre âge, du moment que vous vendez. C’est pour cela aussi que ce que vous appelez « old school » continue à intéresser les éditeurs puisque ça se vend très bien. À contrario, vous pouvez avoir un album tendance, s’il ne se vend pas, vous restez sur le carreau. Le métier d’auteur ou d’autrice de BD n’est pas de faire des parodies, des hommages, des adaptations, ou des commandes (la pub paye beaucoup mieux pour ça), mais comme dans tous les arts, de créer, d’apporter du sang neuf. Cependant, la surproduction du marché (la vie d’une nouveauté en librairie c’est une semaine, quant elle n’est pas tout de suite rangée sur la tranche par manque de place) ne laisse plus de place pour lancer de nouvelles séries et encore moins de temps pour qu’un talent puisse trouver son public.

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                            • Répondu le 21 mai à  07:10 :

                              Mais mon ami, ça faitdéjà longtemps qu’on m’a poussé dehors parce que je suis trop vieux. La philosophie, on est bien obligé de s’y mettre au bout d’un moment. Aucun d’entre nous ne sortira de cette vie vivant, vous êtes au courant ?

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                              • Répondu par Milles Sabords le 21 mai à  10:26 :

                                Justement, c’est parce-que nous ne sommes pas éternels qu’il faut bien continuer à entreprendre, se passionner, avoir un but, des projets, vivre. L’âge qui avance c’est aussi synonyme d’expérience, de transmission du savoir, pas de résignation. Les politiques en la matière se posent moins de questions, sinon, c’est la société du « Soleil Vert » qui nous attend.

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  • 1964-2024 : le 9e art... moderne au Centre Pompidou
    14 mai 14:55, par Jacques Langlois

    Tant qu’à citer des précédents prestigieux, on peut rappeler aussi l’expo Hergé au Grand Palais en 2016…Non, peut-être ?

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    • Répondu le 21 mai à  19:10 :

      "L’âge qui avance c’est aussi synonyme d’expérience, de transmission du savoir, pas de résignation. Les politiques en la matière se posent moins de questions, sinon, c’est la société du « Soleil Vert » qui nous attend." Encore une référence datée… Sans aller jusque là, si on veut simplement durer et avoir du travail quand on devient vieux, il faut peut-être se remettre aussi un peu en question et être capable d’évoluer et de progresser encore (c’est ça qui est passionnant justement), et non pas seulement se lamenter en permanence en disant que tout fout le camp et que c’était mieux avant.

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      • Répondu par Milles Sabords le 22 mai à  15:38 :

        Pour continuer à faire de la BD comme je le fais actuellement, il vaut mieux se remettre continuellement en question, et pourtant avant ça n’était pas mieux, mais ce n’est pas une raison pour ne pas retenir les leçons du passé. Pendant quinze ans, la Cinémathèque Française a restauré le Napoléon d’Abel Gance, qui sera à nouveau projeté au mois de juillet. Quinze ans de labeur inutile alors, pour un film "daté" ? La même année, 1927, sortait Métropolis de Fritz Lang qui aujourd’hui fait le bonheur d’artistes qui le revisitent avec MidJourney. La aussi, démarche inutile pour un film "daté" ? Et le prochain Planète des Singes, vous irez le voir au cinoche, mais l’œuvre est datée, non ? Lorsqu’une œuvre laisse à réfléchir (comme le Soleil Vert) elle n’est jamais daté.

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        • Répondu le 22 mai à  17:10 :

          Jamais vu un type aussi susceptible que vous. On n’est pas sur un forum de cinema, mais oui, Soleil Vert a bien vieilli et n’a jamais été un chef d’oeuvre du cinéma au même titre que Metropolis ou Napoléon. Soleil Vert est une excellente série B, comme la plupart des films de Fleischer. Pour le reste, vous avez raison, il faut se souvenir du passé, et vouloir toujours progresser, même une fois devenu vieux. Il faut seulement passer plus de temps à dessiner et moins à râler comme un vieil aigri sur les forums.

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          • Répondu par Milles Sabords le 23 mai à  17:09 :

            Nous ne sommes pas non plus sur un forum de coaching en bien-être pour lire vos conseils de vie. Qui vous a parlé de chef-d’œuvre ? J’évoquais simplement un exemple cinématographique pour contextualiser mes propos. Surtout avec les liens étroits entre Cinéma et BD, sujet qui a toute sa place sur un site pluridisciplinaire comme Actua BD.

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            • Répondu le 24 mai à  16:30 :

              Ce n’était pas un conseil de vie pour que vous alliez mieux mais pour que vous arrêtiez de faire des généralités qui dépriment les autres participants.

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