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Jacques Lamontagne : "J’ai une affection toute particulière pour le fantastique."

Par Marianne St-Jacques le 12 septembre 2008                      Lien  
Le dessinateur Jacques Lamontagne nous parle de ses nombreux projets: il vient de nous offrir {La Ronde des Géants}, en collaboration avec Istin et Jigourel (Soleil). Il fera bientôt paraître un album solo chez Les 400 Coups. Il scénarise également pour le dessinateur chinois Ma Yi. Entretien avec un auteur qui ne doit sûrement pas s'ennuyer...

Parlez-nous de votre nouvel album, La Ronde des Géants, (quatrième opus de la série Les Druides ) qui vient de paraître chez Soleil.

Beaucoup de déplacements dans ce quatrième tome. La petite délégation constituée de représentants de l’Église ainsi que de nos héros druides doit voyager afin de faire progresser l’enquête . On répond à certaines questions des lecteurs mais on leur fait également s’en poser d’autres... On comprend maintenant que la série de meurtres perpétrés chez les moines cachait quelque chose de plus vaste et que le leitmotiv des assassins graviterait en réalité autour d’objets sacrés celtes. L’action se bousculera donc dans les deux derniers tomes de la série.

Afin de dessiner Gwenc’hlan, le druide et personnage principal de votre série, vous vous êtes librement inspiré du physique de l’acteur Sean Connery. Y a-t-il d’autres personnages dans vos albums qui auraient quelque ressemblance avec des personnalités connues ? (Le personnage de Mordunon, par exemple, ne ressemble-t-il pas un peu à Gandalf, tel que joué par Ian McKellen dans Le Seigneur des Anneaux ?)

Les traits empruntés à Sean Connery pour notre personnage de Gwenc’hlan étaient une suggestion de Jean-Luc Istin. Celui-ci avait jugé pratique de me citer Connery comme exemple afin de m’aider à cerner rapidement le type de visage qu’il désirait pour notre héros. Ceci a donc été fait sciemment. Par contre, pour ce qui est du personnage de Mordunon, il a été réalisé sans référence aucune. C’est rigolo de voir comment il s’est transformé graduellement. J’avais amorcé certains croquis de Merlin qui, bien que proches du résultat final que l’on retrouve à l’intérieur de l’album, étaient quand même légèrement différents. Après l’avoir dessiné et mis en couleur (spécialement en page 24, case 5) je fus moi même surpris de constater la ressemblance avec Ian McKellen ! Inconsciemment, et sans avoir regardé une seule image de l’acteur, j’avais peu à peu ajusté les traits de Mordunon au remarquable acteur anglais.

Jacques Lamontagne : "J'ai une affection toute particulière pour le fantastique."
Extrait de "La Ronde des Géants"
(c) Istin/Jigourel/Lamontagne et Editions Soleil

Vous vivez à Lévis (Québec) mais vous travaillez avec deux scénaristes français, Jean-Luc Istin et Thierry Jigourel. Comment se déroule cette collaboration ?

Outre les 6 heures de black out causées par le décalage horaire, notre collaboration est la même que celle de scénaristes/dessinateurs français. J’entends par là que tout passe par le biais de mails et de téléphones. En fait, j’habiterais en France que notre relation ressemblerait sans doute à celle que nous avons présentement, si ce n’est que j’aurais d’avantage la possibilité d’assister aux “briefings” en début d’album et de partager une bonne bière en compagnie de mes co-auteurs.

On dit souvent que la venue d’Internet a beaucoup facilité développement de la BD québécoise en permettant aux auteurs de publier en Europe. Avec Les Druides, c’est un peu votre cas. En quoi Internet a-t-il changé vos objectifs professionnels ou encore vos méthodes de travail ?

Internet (j’inclus également l’informatique) fut une véritable révolution pour les gens et spécialement pour les travailleurs de l’image comme moi. Plus besoin de se déplacer afin de faire voir des esquisses, plus besoin d’envoyer des originaux, éliminant ainsi le risque de les perdre ou de les abîmer. L’ordinateur est une bénédiction à condition de bien l’utiliser. Il me permet de passer directement au numérique et ainsi d’éviter la numérisation d’originaux avec ce que ça implique parfois comme trahison de couleurs. Mais avant tout, l’informatique m’aura permis, par le biais d’Internet, d’élargir la possibilité d’exportation de mes réalisations artistiques et ainsi de faire exploser la barrière des distances.

Vous publiez également au Québec puisque cet automne, vous ferez paraître Contes d’outre-tombe dans la nouvelle collection Rotor des Éditions Les 400 coups. Parlez-nous un peu de ce projet ainsi que de cette collection que vous allez inaugurer.

Mes premiers pas dans la bande dessinée se sont faits à travers des magazines d’humour illustrés. Délire et Safarir furent les premières publications qui me permirent de renouer avec la BD. Les Contes d’outre-tombe font partie des projets que je réalisais durant ces quelques années de collaboration à ces publications québécoises. Ce fut pour moi une excellente façon de prendre un contact davantage “professionnel” avec le médium BD. Car auparavant, je m’étais contenté de participer qu’occasionnellement à des fanzines. J’ai réalisé près d’une vingtaine de petites histoires faites dans l’esprit des comics d’histoires d’horreur des années 50 à 70 ( Tales from the crypt, Eerie, Creepy etc...). Il s’agira donc d’un recueil d’une soixantaine de pages, reprenant intégralement les contes qui ont paru au début des années 2000. Même si le style de dessin est fortement inégal, voire parfois maladroit, je tenais à ce que les lecteurs aient entre les mains une véritable compilation des Contes d’outre-tombe afin qu’ils puissent voir l’évolution de mon travail. Car, il faut bien le dire, ces histoires qui ne se prennent pas au sérieux, m’auront permis de me faire une “patte”, ce qui aura facilité ma venue sur le marché franco-belge.

Vous venez de parler de Délire et Safarir. Quel rôle tiennent ces deux revues pour les auteurs de BD québécois ? Aurons-nous à nouveau le plaisir de vous lire dans l’une de ces deux publications ?

Ces revues auront servi de tremplin pour tout plein d’auteurs BD québécois. Pour en citer quelques uns, on peut parler de Delaf et Dubuc ( Les Nombrils, Dupuis), Denis Rodier ( Égide, Delcourt et L’Ordre des Dragons, Soleil), Cuadrado (Parker & Badger, Dupuis ), à l’époque au Québec, y a également fait un passage.

Quant à un retour dans l’un de ces magazines...J’en doute beaucoup. Comme mon temps est plutôt chargé maintenant, il m’étonnerait beaucoup que je puisse à nouveau collaborer avec ces périodiques.

Avec Les Druides, vous faites dans le genre heroic fantasy. Vous avez également réalisé les couvertures d’Amos Daragon, une série de romans fantastiques pour jeunes qui a connu un grand succès. Avec les Contes d’outre-tombe et Ichabod Crane [1], vous avez fait dans le fantastique plus macabre. Avez-vous déjà eu envie ou encore tenté de changer de genre ou êtes-vous tout simplement passionné du fantastique ?

Il est vrai que je porte dans mon cœur une affection toute particulière pour le fantastique. En fait, ma jeunesse s’est abreuvée du travail d’auteurs de romans et de nouvellistes comme Edgar Allan Poe, Claude Seignolle, Jean Ray etc. C’est un genre que j’apprécie beaucoup. Mais j’aime aussi énormément la BD d’humour, lorsque c’est fait de façon intelligente. J’aimerais également un jour réaliser quelque chose de plus intimiste, dans le genre La gloire de mon père de Pagnol. C’est le genre de récit qui vient vraiment me chercher.

Yuna, scénario de Jacques Lamontagne, dessins de Ma Yi.
(c) Lamontagne/Yi, Ed. Soleil.

Avez-vous d’autres projets à venir ?

Oui, en fait en janvier 2009 devrait paraître le premier album de la série Yuna, que je scénarise pour le dessinateur chinois Ma Yi. J’en suis également à développer un autre projet BD pour lequel je serais dessinateur. Et bien entendu, l’aventure se poursuivra encore sur deux autres tomes sur la série Les Druides.
Pour le mot de la fin...J’invite les gens à visiter mon blog afin de se tenir au courant de ma petite actualité.

(par Marianne St-Jacques)

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