Cette quatrième intégrale est la plus singulière, car elle regroupe les cinq derniers albums de Jojo avant la disparition de son auteur, André Geerts. Les histoires qui la composent sont importantes dans l’ensemble de la série et démontrent que le créateur de Jojo, Gros Louis, et co, avait encore des aventures à raconter avec sa série principale.
Le premier épisode intitulé La Ballade des quatre saisons n’a pas réellement d’histoire, il s’agit plus d’une succession de petites situations, avec en trame de fond les saisons où l’auteur laisse vaquer son imagination pour se faire et nous faire plaisir avec une bonne dose de rigolade.
Une Fiancée pour papa, marque un renouveau pour la série avec l’introduction du personnage de Jasmine qui aurait pu jouer un plus grand rôle... si la vie lui en avait laissé le temps. Il s’agit ici d’une quête amoureuse qui peut faire écho à la propre existence d’André Geerts, qui vient de divorcer de son épouse après trente ans de vie commune. Plus classique, Jojo vétérinaire est un cadeau à ses jeunes lecteurs, à qui il offre un beau récit animalier, ponctué par beaucoup d’humour. L’avant-dernière Confisqué ! est l’occasion d’un scénario aux nombreux rebondissements sur un sujet qui aura marqué les petits et les grands enfants.
Arrive l’ultime histoire, Mamy blues. On la lit avec un sentiment bizarre. Mamy se voit diagnostiquer une grave maladie, de ce fait, la mort hante tout le récit. Pourtant, lorsque André Geerts commence cet album écrit par Sergio Salma, il ne sait pas encore qu’il est lui-même atteint d’un mal incurable. Malgré son courage et son envie de livrer un dernier plaisir à ses lecteurs, il n’aura pas la force d’aller jusqu’au bout. Les trois dernières planches sont signées Mauricet pour les dessins et Renaud Collin pour les couleurs. Les événements obligent à une lecture différente de cet épisode, mais le happy end est une belle conclusion pour cette série qui aura connu dix-huit albums en plus de trente ans.
Graphiquement, André Geerts est au sommet de son art. Son trait a gagné en assurance et en rondeur, parfait pour représenter son univers poétique, car Jojo ne change pas. Il représente à la perfection l’enfance dans sa normalité avec ses bêtises, ses mignonnes amourettes et sa naïveté touchante. Cette intégrale est mise en valeur par une belle introduction écrite par Morgan Di Salvia. Forcément émouvante, sans en trop en faire, honorant au mieux la mémoire de cet auteur disparu trop jeune à cinquante-quatre ans.
(par Adrien LAURENT)
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Intégrale n°4 (2004-2010) de Jojo – Par André Geerts – Dupuis