Pour nous faire pénétrer dans ce morceau d’histoire de la grande ville méditerranéenne, Jean-Marc Pontier démarre son récit par la lettre d’un père à son fils dans laquelle il nous raconte sa vie faite de larcins et de débrouillardise.
La deuxième partie de l’album sera une réponse du fils qui a une vision des choses bien différente et qui tentera par tous les moyens de quitter cette misère. Cette construction en miroir permet au lecteur de croiser les sources pour tenter de saisir l’essence de ce lieu interlope. Le quartier réservé devient donc en quelque sorte un personnage à part entière de la bande dessinée à la manière de la ville de New York dans la trilogie de Will Eisner.
Comme souvent chez les Éditions des Enfants Rouges, le dessin s’éloigne des standards de la ligne claire. Il se rapproche plutôt de la peinture ce qui sublime l’architecture de Marseille et la mer qui sert d’échappatoire aux pensées des différents personnages. Il y a aussi une réflexion sur la couleur dans l’album. La première partie consacrée au père baigne dans des tons chauds qui soulignent son caractère violent alors que celle du fils mélancolique tourne autour de la couleur bleue sauf quand le père est dans les parages. Ce jeu sur la couleur ne se remarque pas forcément à la première lecture mais participe à l’immersion dans ce récit très bien construit.
C’est encore une grande réussite artistique chez Les Enfants Rouges qui confirme leur place dans le monde de la bande dessinée indépendante.
(par Louis GROULT)
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