Jaquettes élégantes, dossiers en fin d’album, croquis et textes supplémentaires, le tout en édition limitée, voilà ce qui caractérise les rééditions de la collection Aire Libre à l’occasion de ses 20 ans. En parallèle, des parutions nouvelles avec au générique des auteurs ou tandems célèbres, à l’image de Un peu avant la fortune de Dupuy et Berbérian.
Quelques mois à l’Amélie, de Jean-Claude Denis, évoquait un épisode de rupture dans la vie d’un écrivain quinquagénaire. Un moment de spleen qui connaît une éclaircie par l’intermédiaire de la découverte d’un livre roboratif et de son mystérieux auteur. L’occasion de sortir de soi, de découvrir d’autres vies et d’autres destins pour notre cafardeux.
Outre l’habillage et des couleurs légèrement différentes, cette réédition s’avère fort différente de l’original pour ce qui est du supplément de fin d’album. En lieu et place d’un long texte -des extraits du roman évoqué dans l’album, et que Denis éditera sous cette forme - des illustrations et croquis de très bonne facture, précédés d’une courte présentation.
La version de La terre sans mal, signée Sibran et Lepage, offre également des dessins et croquis, avec un dossier présenté à la fin de l’histoire est le même que celui de l’édition de 1999, avec de nouvelles illustrations.
Le récit, chaleureux et très documenté, évoque le travail d’une linguiste imaginaire, accompagnant une tribu du Paraguay pour traduire sa langue. Pour ce faire, elle partage le quotidien de ses membres, et suit notamment leur périple vers cette "terre sans mal" censée apporter calme et protection, loin des "civilisateurs".
Histoire d’autant plus poignante qu’elle se déroule entre 1939 et 1940, au moment où est déclarée la Seconde Guerre mondiale. Juive française, la chercheuse se retrouve à établir un parallèle entre la survie de cette tribu d’Amérique et celle de sa famille en Europe, et des Juifs en général. Le vieux continent qui devient alors une contrée à éviter, une terre hostile.
La porte au ciel, association des talents de Makyo au scénario et de Sicomoro au dessin, est une nouveauté dont paraît ici le premier tome. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir le graphisme extraordinaire de l’Italien qui, en couleurs directes avec une technique utilisant aquarelle et crayonné, offre un éclat, une chaleur et une force dramatique uniques au récit de Makyo, inspiré par une disparition d’enfant évoquée dans l’actualité d’alors.
Trois adolescentes supportant des situations familiales difficiles, solidaires dans la douleur et les blessures d’enfance, décident de tout quitter pour s’isoler dans une maison abandonnée. Outre leurs discussions très crédibles et réalistes, l’intérêt du récit réside dans la menace qui semble planer sur le trio, non identifiée dans ce volume. Les bonus : croquis magnifiques de Sicomoro et texte inédit de Makyo, valent le détour.
Deux rééditions qui augurent bien de la suite, avec évidemment des nouveautés-événement qui ne manqueront pas d’éclairer davantage cette collection unique et précieuse qui, au cours de l’année 2008 verra paraître 10 nouveautés et 10 rééditions. Chaque parution (nouveauté ou réédition) fait l’objet d’un tirage spécial, limité, avec une jaquette de couverture et un dossier en fin de volume contenant dessins inédits et hors textes.
(par David TAUGIS)
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