CACHET FOU. C’est dingue quand on y pense : hérésie, scandaleux, honteux, immoral, paradoxal et vicieux. Qui va le dire, le dénoncer, en faire une grève, une manifestation, une remise en question totale et définitive, un roman graphique ? Surtout quand on pense à tous ces petits lecteurs traumatisés à vie qui avaient pris leurs plus belles plumes pour écrire au beau journal de Spirou. Mais on le connaît...
Qui ? Gaston, dit Lagaffe, oui lui : individu, laxiste, vestige et suppôt de l’ère pré-mail, roi du courrier en retard qui a eu plusieurs fois l’honneur... de voir sa triste personne servir d’effigie pour un timbre poste ! Une honte. À effacer.
Quelle époque opaque comme disait l’autre. Comment rattraper une telle incurie autant esthétique que morale, s’affranchir ?
Morale sauve et cachet certain.
Heureusement, le grand Franquin, André de son prénom, créateur de qui on sait, aurait eu cent ans le 29 janvier 2024.
Pour fêter ce centenaire en grandes pompes (des espadrilles ?), la poste française profitera de l’occasion pour proposer un timbre avec une caricature par lui-même de l’artiste belge, au coup de crayon magique qui vous expédiait un gag à la gorge déployée aussi facilement qu’une lettre le fait par la Poste. Juste retour. L’honneur est sauf.
Le timbre au cachet certain - 30 x 40,85 mm- sera proposé à l’unité à 1,29 euros, et en feuilles de quinze. Le tirage sera de 705 000 exemplaires.
Comme il se doit, ce timbre sera présenté officiellement au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Où d’ailleurs le génial dessinateur en tout premier lauréat a eu le Grand Prix en 1974. Une formalité, et c’était loin d’être fou, encore une fois comme une lettre à la Poste.
PA
© Franquin / Dupuis
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