Troisième tome des Petits Riens, Le Bonheur inquiet est un "livre avec beaucoup de pas grand-chose", selon les termes de son propre auteur. Lewis Trondheim continue de nous conter ses mini-aventures quotidiennes. Qu’il chasse la souris, qu’il se voit vieillir grâce à un vendeur de pizza ou qu’il visite la Sagrada Familia à Barcelone, tout est bon pour nous partager avec philosophie ces petits riens qui pimentent sa vie…
LB
Lire la chronique du tome 1 et du tome 2
Lire 6 pages du tome 3 des Petits Riens
Regarder sur France5.fr une interview de Lewis Trondheim à propos des Petits Riens
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le nombrilisme bobo en roue libre, pardon les arbres.
Bcp de pas grand chose mais surtout très mal dessiné ???
Pour ce qui est du pardon aux arbres, sachez que votre ordinateur allumé consomme l’électricité produite par les ravages de l’homme.
Mais c’est pas pour ça que j’ai envie d’intervenir. Non.
Je voudrais ici m’élever en faux contre les petites phrases assassines de gens qui croient avoir compris certaines choses et qui , je crois, mélangent un peu tout.
Parler des petits riens n’est pas si anodin que ça. L’auteur pointe tout ce qui fait les joies et les tristesses, tout ce qui suscite des émotions parfois infimes .
Cet attachement au quotidien est bien plus subversif que beaucoup ne le pensent. On peut rattacher cette démarche , quoique je n’aime pas trop rapprocher des médias aussi différents, à celle de certains chanteurs réalistes. Ils parlent des enchantements, des étonnements, des douleurs, des petits chagrins ; tout simplement ils posent un regard parfois méchant , souvent pertinent sur le monde qui les entourent. Selon l’humeur.
En cela , ils seraient donc catalogués futiles. Je trouve bien plus futiles un monceau de publications où l’aventure est bradée , où la référence à l’entertainement made in USA est le modèle éhonté et où les idées véhiculées sont consternantes de lourdeur .
Le bonheur inquiet, très joli titre, est au contraire une remise en question de ce statut. L’auteur y distille humour et petites notes sur tout et rien ; de ce tout et de ces riens qui pourtant font le sel de la vie.
Lewis Trondheim et quelques autres tiennent leur journal ; ils n’ont pas, que je sache, inventé le principe, ils l’ont popularisé sous cette forme dessinée anticipant d’ailleurs l’exercice du blog graphique en inventant une grammaire .
Tous ceux qui notent les petites choses de leur vie ne sont toutefois pas obligatoirement intéressants. Là interviennent le talent et l’observation. Je considère que les réflexions qui pullulent dans le bouquin de Trondheim sont très fines, cohérentes ; elles ne remettent pas en cause la marche du monde mais mine de rien, les idées fusent. Et c’est des idées que naissent les changements de mentalité. Un humoriste, un clown, un rigolo feront peut-être plus avancer les choses que les révolutions incendiaires ou les philosophes patentés. J’ai toujours trouvé beaucoup plus violentes les bandes dessinées de Macherot que celles faussement subversives de nombreux auteurs contestataires. Pour répondre au posteur qui considère que Egon Schiele et donc Francis Bacon ou Lucian Freud sont la seule voie possible pourdéstabiliser le bourgeois ,je le renvoie faire un tour au musée d’art ancien pour se rendre compte qu’il y autant de méchanceté dans les clairs-obscurs de Chardin que dans le boeuf écorché de Soutine et autant de subversion dans la joliesse de Monet que dans les énervements de Pollock fin de la parenthèse .
Le livre de Tronheim a de plus un grand mérite. Alors que le monde de la fiction est bombardée (et c’est le mot) d’experts en pyrotechnique, de héros super en collants qui volent , de personnages à la mâchoire carrée et au charme ravageur qui tuent, à l’heure où les jamesbonderies sont devenues la norme , où la musique militaire a envahi les esprits et les cinémas, les comics et les jeux vidéo, je trouve salutaire cette part d’humanité revendiquée.
Oui à cette vision simple des choses, oui à l’éloge du vent dans les arbres et des pieds dans l’eau.
Et traiter l’auteur de bobo comme s’il était supposé n’être qu’ un fade bonhomme engoncé dans son conformisme c’est oublier complaisamment la personnalité d’icelui. C’est au contraire un mec qui jouit des possibilités de son médium, qui s’amuse à bousculer les convenances ,mais qui ne s’interdit pas d’être léger et c’est bien là toute la différence .
"il ne s’interdit pas à être léger"
Léger. C’est en effet un mot qui colle bien à Trondheim. Dommage car il est capable de dépasser ces futilités (redondantes quand même depuis quelques années !)
sergio salma, placer les detracteurs des oeuvres de trondheim dans la case : amateurs de bd de beaufs,de super heros et autres bd fantasay bas de gamme...reléve à la fois de la malhonnetté intellectuelle et en plus, d’une incapacité à défendre l’objet de votre préche.
J’ai adoré lapino parcequ’ audelà de la thematique petit bourgeois, il y avait une vrai distance dans son oeuvre qui me plaisait bien. Les petits riens, sont vides de cette distance.Et ça devient tout de suite vraiment mou et stereotypé. Suis je un beauf ? Suis-je un abruti ?
Je suis peintre, ai je le droit quand je regarde une aquarelle, d’attendre autre chose qu ’un systeme coloré ultra convenu ??
De plus il est évident, également, que les réactions que sucite Trondheim sont aussi liées à ses propres paroles et elles ne furent pas toujours ,elles n’ont plus ,tres tendres...
Quant à la thématique, "poésie du petit rien" je prefere pour ma part la deguster dans des histoires ou des aventures,où precisement elle est évoquée par petites touches ,(ce qui lui confére pour ma part bien plus de force...)
Non monsieur Salma, je ne suis pas un abruti et je deteste ces interventions si simplistes.
Entre vos paroles et celle de monsieur pincemi,c’est la même mediocrité d’analyse.
S’il me prend l’envie de défendre des choses que j’aime, je n’ai pas à subir les insultes de ceux qui n’ont pas les mêmes opinions. Cherchez dans mon post une trace de mépris envers les lecteurs.
Mon prêche n’en est pas un, il est l’expression de mon regard de lecteur face à une généralisation. J’évoquais une humeur , une tendance nette dans plusieurs médias, une surenchère , cinéma, magazines, télé…et je lui opposais l’option "inverse".
Pourquoi prendre la mouche en vous sentant agressé et surtout où voyez-vous de la malhonnêteté intellectuelle ? Considérez-vous que tous ceux qui n’ont pas la même approche des choses sont des pervers et des faux-culs ? Me connaissez-vous donc si bien pour affirmer que je n’avance que des arguments fallacieux ?
Ma dialectique est probablement maladroite mais vous m’avez l’air bien énervé pour y déceler autre chose qu’une passion positive. Celle qui me conduit à adorer regarder une librairie d’où éclatent mille couleurs, mille auteurs même si je n’en lirai avec ferveur qu’une infime partie.
Je ne vous avais pas traité d’abruti et je suis très étonné de voir que ma petite intervention aie suscité cette réaction ; s’il y a bien une caractéristique dont je me vante c’est de laisser à chacun sa façon de voir, je n’en ai rien à foutre de convaincre qui que ce soit, je veux juste exprimer ma façon de voir, rien de plus.
Pour ce qui est du simplisme de l’intervention , à mon tour de noter que votre coup de gueule vous a inspiré bien des méchancetés qui n’ont rien à faire dans un simple débat d’idées. C’est quoi le stade suivant de l’échange ? Des coups de poing dans la gueule ?!
J’aime ou j’aime pas, je veux faire partager une émotion. J’ai trouvé dans un roman , un film ou une bande dessinée quelque chose qui m’a réjoui, je vous le fais savoir . Par une innocente association d’idées, je relève à quel point le livre de Trondheim est à contre-courant de plein de choses qui me désolent mais qui en même temps constituent mon quotidien . Je n’associe rien du tout comme vous l’affirmez, je suis lecteur et spectateur éclectique merci de ne pas schématiser à outrance.
Le problème de l’écrit suppose une lecture subtile et non une vision carrée et fermée de l’univers culturel. Quand on dit aimer le cinéma de Lynch on n’affirme pas en substance détester Oury ou Weber. C’est là tout l’intérêt des échanges. D’où surgissent d’effroyables malentendus.
Je ne rejette pas les lecteurs qui aiment des choses que je n’aime pas. Je les observe dans leur passion. Quand 9 films sur 10 ont une certaine couleur , un certain son, un certain rythme, il est intéressant de noter pourquoi cette tendance a pris cette proportion.
Il n’a jamais été question d’analyse , je suis un simple lecteur qui oppose à un autre lecteur une vision d’un même objet.
Cool, Ludvig, il s’agit ici de bien des choses mais certainement pas d’une envie personnelle de faire la guerre.
Cher Monsieur Salma,
rejoignez le club de ceux qui refusent les fachismes culturelles, contestons les modes et les petits princes auto-proclamés. Vous allez voir un jour on auras 20 ans de plus, le monde de l’image sera esentiellement numérique, la manga culture sera la culture BD, les arts graphiques seront relégués au rang d’un hobby pour le dimanche, le papier schoeller aura définitivement disparu et pour excercer un métier graphique seul l’animation offrira encore du travail.
On se souviendra de cette époque charnière dans les années 90-95 ou une bande de Paris est venue saccager un art en le banalisant.
Merci pour vos réponses, vous devez y passer un temps fou.
Cordialement
D’où sortez-vous toutes ces idées folles-folles-folles chèr(e) Cunégonde ? En l’espace d’un message il semble en effet que vous ayiez pris un coup de vieux de 20 ans- vous si fraîche et avenante naguère !...
Me permettrez-vous, très chère marquise, de porter à votre attention que la majorité des artistes envoient désormais leurs planches par voie électronique, le numérique a déjà une bonne décennie bien tapée derrière lui.
Le papier n’est plus que l’une des nombreuses options s’offrant au créateur.
La manga a plus de 20 ans d’implantation en France (alors excusez-moi, ce tsunami me mouille à peine les chevilles...)
Fa(s)c(h)ismes culturel(les) éclairez-moi, chère vieille chose : vous sentez-vous menacée dans vos libertés, dans le plein arbitre de vos choix ? Bigre ! 20 ans de pratique de la bd ont tourné Trondheim en manipulateur génial et dictateur omnipotent... J’avoue ne jamais avoir pensé à ce stratagème pour prendre le contrôle du monde, je vais y réfléchir.
Quand à banaliser un art(?) dont l’écrasante majorité des productions tombent pitoyablement en dehors de tout critère artistique mais -comme par un fait du hasard- se révèlent être des produits de consommation courante... Eh, il faudrait que vous m’expliquiez comtesse, par quelle galipette pataphysicienne on banalise qq chose de banal !
Votre serviteur, Alex de la Boulangerie-Pâtisserie Boucherie-Chevaline
c’est sûr qu’on est loin de l’engagement politique de l’expressionnisme autrichien lol
En lisant les commentaires qui suivent, je me demandais : "Qui sont ces gens qui sous couvert d’anonymat viennent cracher à la gueule des artistes qui ont dépoussiéré la bande dessinée dans les années 90 ? Est-ce en ringardisant le style classique fait de copie de copie de leurs ainés qui tenait le haut du pavé dans les années 80 qu’ils se sont attirés de telles inimitiés ?
Ce qui énerve (je crois) chez Trondheim, Sfar, David B, DeCrécy ou Blain, c’est qu’ils sont de l’intelligence pure, ça ça énerve les cons, ils ne peuvent pas lutter, et l’intelligence, ça ne se décalque pas.
De l’intelligence pure ? Le simple lecteur que je suis vous accorde ce terme,
je dirai même plus : ascendance divine ! Bref ce sont des "élus" ... par qui ?